Faut-il s'inquiéter des refus de dons d’organes qui bondissent à cause d'un fait divers américain?

C'est une histoire qui fait du bruit et qui commence à avoir des conséquences sanitaires. Un fait divers américain a fait bondir les refus de dons d’organes en France, s'inquiète l'Agence de la biomédecine, après que l'histoire ait été rapportée dans l'Hexagone.
Le média américain NPR a rapporté ce week-end le cas d'un patient déclaré en état de mort cérébrale après une overdose qui s'était réveillé juste avant d'être prélevé de ses organes. Un drame évité de justesse qui serait apparemment survenu en 2021, à l'hôpital du Kentucky. Et l'histoire a été immédiatement reprise par plusieurs médias français, dont Le Parisien, Le Figaro, Le JDD, le 20h de TF1, provoquant beaucoup d'angoisse chez les potentiels donneurs français.
10 fois plus de refus de dons d'organes
Alors l'Agence de biomédecine sonne l'alerte.
"Le fait de véhiculer cette information est très préjudiciable et jette l'opprobre sur le don et la greffe d'organes en France", a regretté l'Agence de la biomédecine auprès de l'AFP.
En 24h, elle a reçu 10 fois plus d'inscriptions au registre national des refus de dons d'organes. Près de 1.000 inscriptions ont même été reçues rien que sur la journée de mardi, au lieu de 100 en moyenne en temps normal.
Et ce chiffre pourrait n'être qu'un début, redoute l'Agence de biomédecine. Régis Bronchard, directeur adjoint du département greffes d'organes: "C'est un peu la partie émergée de l'iceberg. Ça veut dire que ça génère beaucoup d'angoisse, de confusion et probablement de l'opposition au don d'organe".
Une situation impossible en France
Le récit du patient américain n'a pas été authentifié. Mais Régis Bronchard est formel: impossible qu'une telle situation se produise en France vu l'exigence des procédures, plus strictes et sécurisées: "Quand les proches et les familles comprennent que la personne était décédée, qu'il n'y ait aucune confusion, aucune inquiétude quant à la véracité de ce décès".
"Qui dit plus de confusion, dit plus de taux d'opposition, dit moins de greffons, dit plus de décès", détaille-t-il.
L'Agence de biomédecine le confirme aussi: la situation du patient américain "serait impossible en France". Pourtant, pour l'instant, l'impact sur le territoire français est trop important.
"Des milliers de personnes sont en attente d’une greffe vitale en France, nous ne pouvons pas laisser circuler une information non vérifiée et si préjudiciable pour ces patients", a conclu l'Agence de biomédecine.
Dans un communiqué distinct, la Société française de médecine de prélèvements d'organes et de tissus (SFMPOT) et la Société francophone de transplantation ont tenu aussi à rappeler que la situation en France et aux États-Unis est "totalement différente".
"Le diagnostic de mort encéphalique est beaucoup plus sécurisé en France, où un cas similaire serait donc strictement impossible", a affirmé le Docteur Jean-Christophe Venhard, président de la SFMPOT.
En France, 25.000 personnes sont en attente d'un don et chaque jour, près de 3 personnes décèdent, faute de greffons.