Fin de vie: André Comte-Sponville regrette des conditions "restrictives" pour les malades d'Alzheimer

La loi sur la fin de vie a encore franchi une étape importante mardi avec l'acceptation de nouveaux articles. Les députés ont approuvé 5 conditions cumulatives d'accès au droit à l'aide à mourir: il faudra ainsi avoir 18 ans, être Français ou résider en France de façon régulière, être atteint "d'une affection grave et incurable, quelle qu'en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale".
Quatrième condition, le malade doit "présenter une souffrance physique ou psychologique" qui est "soit réfractaire aux traitements, soit insupportable selon la personne" lorsqu'elle a choisi de ne pas recevoir ou d'arrêter un traitement.
Dernière condition, que la personne soit apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée, un amendement visant à tenir compte des directives anticipées ayant été rejeté.
Des conditions "restrictives"
Le philosophe André Comte-Sponville, qui cartonne désormais sur Tiktok, et qui se bat depuis longtemps pour la légalisation de l'euthanasie, se félicite de cette loi mais déplore des conditions "restrictives".
"Il faut des garde-fous", estime-t-il ce mardi sur RMC-BFMTV mais la loi ne règle pas la question des accidentés ni des personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer: "En fin de vie d'Alzheimer, nous ne pourrons plus bénéficier de cette loi puisqu'on est plus lucide. Et s'il demande à mourir avant, on leur dira 'vous n'êtes pas en fin de vie'".
"Ces deux exigences excluent 225.000 nouvelles personnes chaque année, sauf directive anticipées et il faudrait les respecter", poursuit le philosophe
"Tant pis si les églises ne sont pas d'accord"
Et à quel moment la directive ne serait pas ancitipée? "On peut fixer certains critères comme par exemple le jour où l'individu ne reconnaît plus ses enfants. Mon père est mort d'Alzheimer et un jour il m'a demandé 'Comment va ton père'", se souvient André Comte-Sponville.
"On peut déléguer à une personne, le droit de décider à notre place quand on ne sera plus à même de le faire, mais je trouve dramatique que cette loi exclue les 225.000 nouveaux cas d'Alzheimer", martèle-t-il.
Cette loi sur la fin de vie rencontre l'opposition des responsables religieux. Les dignitaires catholiques, juifs et musulmans ont signé un texte déplorant le dévoiement de la fraternité: "Aider à mourir revient à tuer", pour le cardinal François Bustillo. "Ce sont les mêmes qui étaient contre la loi Veil (la loi pour l'avortement, ndlr)", répond le philosophe.
"La République doit protéger les plus vulnérables sans réduire leur liberté, elle est au service de tous et tant pis si les églises ne sont pas d'accord, on obligera aucun chrétien, musulman ou juif à décider de sa mort", conclut André Comte-Sponville.