Foyer de contamination d'un variant "préoccupant" à Bordeaux: faut-il s'inquiéter?

"Préoccupant"... mais pas trop? Un centre éphémère de vaccination ouvrira mercredi dans le quartier de Bordeaux où a été découvert un cluster de cinquante cas positifs à un variant "préoccupant", a indiqué la directrice pour la Gironde de l'Agence régionale de Santé (ARS).
Quelque 19.000 doses supplémentaires de Pfizer et Moderna ont été débloquées afin de vacciner rapidement toute la population majeure du quartier de Bacalan, dans le nord de la ville, auprès de laquelle une opération de dépistage massif a été lancée vendredi à l'annonce par l'ARS Nouvelle-Aquitaine de ce cluster. Cinquante personnes ont été testées positives à un variant "déjà connu mais très rare" et classé comme "préoccupant" par Santé publique France. C'est la première fois que ce variant est à l'origine d'un foyer de contamination aussi important.
"Toute la famille a été testée positive"
Juste avant la fermeture du centre de dépistage, Jonathan, un habitant du quartier, arrive en catastrophe: il est venu faire tester Mila et Paolo, ses deux enfants... "pour rentrer à l’école mardi". Car c’est via les plus jeunes que s’est diffusé ce nouveau variant.
La fille de Mouchira l’a ramené à la maison, il y a deux semaines: "Toute la famille a été testée positive, mais asymptomatique. J'espère que tout le monde dans le quartier va venir se faire tester... On ne sait jamais" confie-t-elle.
Plus de 600 personnes ont ainsi pu être testées samedi et dimanche, pour l’instant c’est un succès. Un nouveau variant qui a même fait changer d’avis cette habitante, comme Keltoum: "Je ne voulais pas me faire vacciner mais après quand j'ai entendu parler de ce nouveau variant, ça donne à réflechir ne serait-ce que par rapport aux anciens. Je reviendrai mercredi pour me faire vacciner".
Quelle dangerosité?
Ce nouveau variant, bien que rare, est pourtant connu des scientifiques.
Selon le Professeur Denis Malvy, infectiologue au CHU de Bordeaux et membre du Conseil scientifique, il a "le visage du variant anglais et a acquis plusieurs mutations supplémentaires dont une, la 484Q. Elle est connue sur certains variants indiens mais il l'a acquise ici de manière autochtone. On sait qu'elle est associée à la transmissibilité. On l'avait déjà repérée en France de manière sporadique mais seulement dans des collectivités fermées et de manière semi-confidentielle. L'originalité de la situation bordelaise, c'est que ce variant connaît une diffusion communautaire, c'est à dire non restreinte à des espaces circonscrits (comme une résidence pour personnes âgées ou un centre hospitalier, ndlr)"
Reste la question de la dangerosité. Interrogé par RMC, le Dr Benjamin Daviller, conseiller médical à l’ARS Nouvelle Aquitaine, estime qu'il faut rester "très vigilant":
"Ce variant a contaminé de jeunes personnes, qui n'ont pas de symptôme grave, c'est rassurant. On s'aperçoit que les personnes plus âgées, à partir de 50 ans et déjà vaccinées, ne sont pas contaminées par ce variant. On peut se dire qu'il y a des chances que le vaccin fonctionne bien sur ce variant. On est rassurés, pour le moment. En revanche, comme cette mutation se fait sur une zone suspectée d'augmenter la transmissibilité, on reste extrêmement vigilants".