Grippe aviaire: "Il faut que le ministère et les pouvoirs publics prennent la mesure du problème"
Il n'y aura pas d'abattage massif de canards et d'oies pour endiguer l'influenza aviaire dans le Sud-Ouest. En revanche, le ministère de l'Agriculture a publié jeudi un arrêté imposant des vides sanitaires dans 15 départements des régions Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. En tout plus de 2.000 éleveurs seraient concernés selon les chambres d'agricultures.
Concrètement cela veut dire qu'à partir de lundi janvier, les éleveurs ne pourront plus accueillir de nouveaux canetons et oisons. Ils pourront en revanche aller au bout de la production (élevage, gavage et même vente) avec les canards et oies déjà présents dans leur élevage. Pour aboutir à partir du mois d'avril à un vide sanitaire de deux mois, nécessaire pour éradiquer le virus.
"On est très inquiets"
Deux mois sans activité, ni revenu: un manque à gagner estimé "à plusieurs dizaines, voire centaines de millions d'euros" estime sur RMC Dominique Graciet, président de la chambre régionale d'agriculture d'Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes. "Les producteurs ne vont pas s'y retrouver. La filière n'est pas capable, seule, de pouvoir supporter une si lourde charge, alarme-t-il. On est très, très inquiets. Il faut que le ministère et les pouvoirs publics prennent la mesure du problème".
Damien Sourbié est éleveur-gaveur ferme à Eugénie-les-Bains dans les Landes. Il a reçu la nouvelle comme "un gros, gros coup au moral". "Il y a deux mois de vide sanitaire mais il faut aussi compter de relancer l'économie. Aujourd'hui, moi, avant fin août, je n'ai rien à faire donc c'est plus que deux mois", déplore-t-il. Et de s'interroger: "Plus de revenu, plus d'argent. Qu'est-ce qu'on va faire? Trouver un autre avenir? Comment vais-je faire vivre ma famille? C'est énormément d'inquiétude".
"Il faut que l'Etat nous aide"
D'autant qu'il regrette "ne pas avoir de réponse de l'Etat, ne pas savoir ce qu'il va faire, s'il va par exemple donner le chômage à tout le monde". "On est d'accord pour le vide sanitaire, on est d'accord pour tout mais comment va-t-on faire?, s'inquiète encore cet éleveur. On suit ce que fait l'Etat pour éradiquer ce virus mais il faut aussi que l'Etat nous aide".
Pour rappel, une quinzaine de pays ont décrété des embargos plus ou moins larges sur les produits avicoles français, dont le Japon, premier importateur mondial de foie gras. De plus 69 foyers de grippe aviaire hautement pathogène mais non transmissibles à l'homme ont été découverts depuis fin novembre dans le Sud-Ouest, pour la première fois depuis 2007.