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Harry, 7 ans, autiste: "Personne n'est là pour nous accueillir, pour aider", déplore sa mère

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Ce jeudi, sept familles ont obtenu en justice des dédommagements de l'Etat totalisant 240 000 euros pour "carences" de prise en charge de leurs enfants autistes. Parmi ces familles, celle d'Yvan et Hannah, dont le fils Harry, 7 ans, est autiste.

L'Etat français condamné. Pour la première fois, le tribunal administratif de Paris a condamné pour "carences" ce 15 juillet l’Etat français à verser 240.000 euros de dommages au profit de sept familles d’enfants autistes. Deux d’entre elles ont obtenu réparation pour "préjudice moral" "tenant à l’éloignement de l’enfant". En effet, faute de pouvoir trouver une place en établissement spécialisé, elles avaient dû envoyer leur enfant en Belgique. Parmi les familles indemnisées, il y a celle d'Hannah et Yvan. Leur fils, Harry, 7 ans, a été diagnostiqué autiste en 2012, mettant fin ainsi à des années de doute.

Un budget de 3 000 à 4 000 euros par mois

"C'est là où est tout le drame en fait. On se dit qu'enfin on va pouvoir avancer alors qu'en réalité, quand on a franchi cette porte, il n'y a personne. Personne n'est là pour nous accueillir, pour aider. Et surtout, les personnes en face de nous ne disposent pas des compétences nécessaires pour pouvoir prendre en charge notre enfant de manière adéquate", regrette Hannah sur RMC. Bien qu'Harry soit scolarisé le matin dans un établissement spécialisé, ses parents considèrent en effet qu'il n'est pas correctement pris en charge et ont donc recours à une aide extérieure.

"On a une équipe de deux superviseurs, deux éducatrices. On a aussi d'autres personnes qui proposent des animations et des activités sportives pour Harry. C'est donc une gestion d'une mini-entreprise en fait et cela représente un budget considérable: entre 3 000 et 4 000 euros par mois", souligne la mère de famille. C'est donc pour cette "carence de prise en charge" que la famille a poursuivi l'Etat.

"Je suis là pour dire qu'on peut y arriver"

"Mes deux autres enfants bénéficient d'une scolarité qui est fournie par l'Etat, je ne vois pas pourquoi mon troisième enfant, parce qu'il est autiste, n'en bénéficierait pas. Surtout que des méthodes existent, reconnues partout dans le monde, pour lui permettre d'accéder à l'apprentissage", explique, dépitée, cette maman. Hannah souhaite maintenant que le mouvement s'amplifie et que l'Etat soit massivement condamné: "Il est important, je pense, que beaucoup de familles se mobilisent pour sanctionner l'Etat pour cette carence de prise en charge. Je les encourage donc à prendre le temps de regarder la chose et à se lancer."

Et d'ajouter: "Il faut savoir qu'il y a des milliers de famille en France qui sont dans la souffrance et dans l'isolement total, qui passent l'essentiel de leur temps à essayer de faire au mieux pour l'enfant. L'épuisement est tel que souvent les parents se disent que ce genre de démarches n'est pas à leur porter. Je suis là pour dire qu'on peut y arriver". L'association Vaincre l'autisme, à l'origine de cette condamnation, a indiqué qu'autre plainte collective est en préparation. Elle pourrait regrouper 140 familles.

Maxime Ricard avec Constantin de Vergennes