Hébergement d'urgence à Paris: à l'hôpital, des nouveaux-nés et leurs familles contraints à dormir au sol

Le cri d'alarme des associations face au manque de moyens pour l'hébergement d'urgence. Plusieurs associations à l'appel d'Emmaüs, organisent une soirée "Ensemble, agissons contre le sans-abrisme" ce lundi.
Elles vont, à cette occasion, signer un manifeste, notamment pour protester contre la baisse des dotations de l'Etat et réclamer la création de places d'hébergement d'urgence à Paris. Selon Emmaus, il y a en ce moment, a minima 2.000 personnes sans solution la nuit dans les rues de Paris. Le Samu social de Paris est déjà saturé, alors que l'hiver n'a pas encore commencé.
Un 115 saturé, pas assez d'hébergement d'urgence, de nombreuses familles à la rue, ou qui vivent dans des conditions difficiles. C'est le cas à l'hôpital Lariboisière dans le Xe arrondissement de Paris.
Des draps, et des berceaux, à même le carrelage
Après avoir accouché, des mères de famille et leur bébé dorment dans une salle d'attente des urgences faute de place d'hébergement d'urgence. Elles appellent tous les jours le 115, en vain.
Des draps, et des berceaux, à même le carrelage... Cette salle d'attente, est devenue la chambre de Marie-Amma et de son bébé. 12m2 qu'elle partage avec quatre autres femmes.
"On vit très mal franchement. Ca a été très dur chez nous en Afrique mais on ne s'est jamais couchés sur le sol. J'ai pleuré pendant deux semaines, il n'y a aucun respect de l'humain."
Les portes servent de séchoir, et en guise de salle de bain: un minuscule lavabo. Insupportable pour Tony, infirmier.
"Même un prématuré ne rentrerait pas dedans. C'est incroyable. Regardez dans quelle situation elles sont. On ne peut pas laisser des bébés dormir par terre. C'est une honte, c'est un scandale. Ces bébés ce sont le futur de la France on ne peut pas les laisser comme ça. Ils sont en train de se transformer en SDF, on est quand même un pays riche on doit pouvoir héberger une dame et son bébé."
"Au début ce n'était que l'hiver, car il faisait froid et on ne pouvait pas les mettre dehors maintenant c'est tout le temps"
Près de 40 % des femmes qui accouchent dans cette maternité sont en situation de précarité. L'hôpital doit assurer leur mise à l'abri pendant trente jours, mais au delà c'est l'inconnu.
"Ca empêche de dormir la nuit", reconnaît Marie-Amma. "Tout ce qu'on demande à l'Etat français c'est d'être logés car on vit très mal avec nos bébés"
Alors qu'il peut y avoir jusqu’à 12 femmes dans une seule pièce, les soignants, comme Séverine ont vu la situation se dégrader au fil des mois.
"Au début ce n'était que l'hiver, car il faisait froid et on ne pouvait pas les mettre dehors maintenant c'est tout le temps. On est supposé être dans l'empathie, il y en a pas."
En juillet dernier, les hôpitaux de Paris ont mis à disposition un nouveau centre pouvant accueillir 90 femmes et leur bébé. Mais il est déjà plein.