RMC
Santé

"Il apparaît comme un résistant": pourquoi Didier Raoult est-il aussi populaire chez une partie de la population ?

placeholder video
Le professeur Didier Raoult et l'hydroxycloroquine continuent de bénéficier d'un fort soutien populaire malgré des études dénonçant l'inefficacité du traitement contre le coronavirus.

A la sortie de sa première étude sur les effets de l'hydroxychloroquine contre le coronavirus, le professeur Didier Raoult a pu compter sur de nombreux soutiens populaires. Des personnalités du monde du spectacle comme Jean-Marie Bigard ou Laeticia Hallyday ont apporté leur soutien à l'infectiologue, directeur de l'IHU de Marseille. Dans la foulée, des femmes et hommes politiques, à l'instar de Christian Estrosi, Marine le Pen et Ségolène Royal plaidaient pour la généralisation du recours à l'hydroxychloroquine. Outre-Atlantique c'est Donald Trump en personne qui annonçait avoir recours à un "traitement préventif", à base dudit médicament.

Mais plusieurs études internationales d'ampleur ont contredit celles de Didier Raoult, évoquant une inefficacité du traitement et même des risques cardiaques et rénaux pour les patients les plus faibles. Et lundi, l'OMS a annoncé suspendre les essais cliniques liés à l'hydroxychloroquine. Malgré les études allant dans le sens contraire, le directeur de l'IHU de Marseille continue de bénéficier d'un soutien populaire, marquée notamment par une opposition entre Paris et Marseille.

"La critique du système, ça attire une partie de la population"

"Sur ce qu’il dit je n’ai pas la compétence pour le juger, mais l’argumentaire est inattaquable. Des gens qui mènent des études sans voir de malades, ça fait doucement rigoler. Ce gars là a mis en évidence des choses. Après la critique du système, c’est la mode d’être dans l’anti-parisianisme et élitisme primaire. Ça attire tout de suite la sympathie d’une partie de la population", a estimé Didier Giraud ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules.

Et si être "anti-système" était finalement devenu mainstream et à la mode ? : "Il devient un personnage qui va dans la veine de Trump et du populisme qui critique des choses qui sont critiquables mais tellement faciles à critiquer. Je veux bien qu’on le présente comme quelqu’un de disruptif mais il est à la mode !", a dénoncé de son côté Etienne Liebig, avant d'évoquer l'image de résistant dont pouvait jouir l'épidémiologiste.

"On a affaire à une opposition primaire entre Paris et Marseille"

"D’un seul coup, Raoult apparaît comme un résistant à un système complotiste mondial dans lequel est maintenant l’OMS et est un résistant genre Astérix face à l’envahisseur romain. C’est une image d’Epinal. Tous les scientifiques du monde ne sont pas des cons ou des malhonnêtes par rapport à un Raoult qui serait honnête", a-t-il ajouté.

Mais l'aura du professeur Raoult s'est aussi construite sur son annonce d'une efficacité de l'hydroxychloroquine, à un moment où le monde semblait désarmé face au coronavirus, au plus fort de l'épidémie: "On s’est fait rouler parce que cela nous plait intellectuellement cette image d’espèce de résistant avec sa moustache et sa barbe", a déploré Etienne Liebig. "On a affaire à une opposition primaire entre Paris et Marseille. On ne compare pas Marseille aux autres grandes villes de France uniquement à Paris comme si l'on comparaît le peuple face aux élites parisiennes", a conclu Joëlle Dago-Serry.

Guillaume Dussourt