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Indre: 60 élus locaux démissionnent pour protester contre la fermeture d'une maternité

Une soixantaine d'élus locaux (maires et adjoints) de l'Indre vont présenter leur démission au préfet ce jeudi soir pour protester contre la fermeture de la maternité de la petite commune du Blanc. Des futures mères vont devoir accoucher à une heure de route.

C'est un coup d'éclat, pour lancer un cri d'alarme : une soixantaine d'élus locaux du département de l'Indre remettent ce jeudi soir leur démission au préfet. Ils protestent contre la fermeture annoncée du service accouchements de la maternité de la petite commune du Blanc.

Si les futures mamans pouvaient y accoucher jusqu'à cet été, elles doivent désormais faire une heure de trajet en moyenne pour se rendre à Poitiers, Châteauroux ou Châtellerault. Les accouchements sont suspendus depuis juin.

"Le plus choquant aujourd'hui ce sont les portes de la maternité qui sont fermées avec une chaîne et un cadenas"

L'hôpital du Blanc accuse un déficit annuel de deux millions d'euros, mais selon l'Agence régionale de santé, ce sont des questions de sécurité qui motivent la fermeture de la maternité. Les accouchements ne seraient pas assez nombreux et le personnel manquant.

Au delà de la perte d'une partie de leur maternité, les habitants et les élus se battent aujourd'hui contre l'abandon des territoires ruraux par l'administration.

Pour son deuxième enfant, Jennifer devait accoucher près de chez elle, à la maternité du blanc, comme la dernière fois. "Le plus choquant aujourd'hui ce sont les portes de la maternité qui sont fermées avec une chaîne et un cadenas."

"On nous interdit de naître ici, on nous exclut de la République"

A 5 mois de grossesse, elle est toujours suivie au Blanc, mais va devoir donner naissance à une heure de route, à l’hôpital de Châtellerault. "Une heure de route c'est énorme quand on a des contractions, un mari à côté. Pour moi c'est de l'injustice, ce n'est pas humain."

Une injustice vécue par tous les habitants de cette commune de 6500 âmes. Un collectif citoyen s’est créé il y a quelques mois. Cécyl Gillet en fait partie… Elle ne contient plus sa colère.

"On fait une violence au corps des femmes, on fait une violence à ce territoire. Il y en a marre d'être des citoyens de seconde zone c'est plus possible. On nous interdit de naître ici. On nous pousse à revendiquer des droits comme l'accès aux soins égal sur tout le territoire. On n'est plus dans la République de l'égalité et de la fraternité. On nous exclut de cette République et ça me met hors de moi !"

"On le ressent comme un mépris"

Face au désespoir, un mur de silence de la part de l’Agence régionale de santé et du gouvernement. C’est pour le dénoncer que la maire de la ville, Annick Gombert, a décidé de présenter sa démission ce jeudi soir. Suivie par une soixantaine d’autres élus et adjoints.

"On le ressent comme un mépris. Nos parlementaires ont demandé des rendez-vous qu'ils n'ont jamais eu. Il faut que l'ensemble des hôpitaux, des maires des petites communes impactées par ce genre de problèmes puissent s'unir et faire comprendre à l'Etat à l'administration centrale que nous ne sommes pas que des chiffres."

Le préfet de l’Indre a désormais deux mois pour accepter ou non la démission des élus.

Anaïs Bouitcha et Juliette Pietraszewski (avec J.A.)