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INFO RMC. Fluoroquinolones: enquête ouverte à Paris pour blessures involontaires et tromperie

Médicaments (illustration)

Médicaments (illustration) - ANNA MONEYMAKER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / GETTY IMAGES VIA AFP

Selon les informations de RMC, une enquête a été ouverte à Paris pour blessures involontaires et tromperie dans l’affaire des fluoroquinolones, ces antibiotiques aux effets indésirables graves.

Les fluoroquinolones, c'est une classe d’antibiotiques utilisée depuis plus de 30 ans pour traiter certaines infections bactériennes… qui font aussi des dégâts. Dans le cas de Françoise, le médecin lui a prescrit quatre jours de traitement pour une salmonellose. Quatre jours qui ont changé sa vie à jamais.

“Ça fait maintenant huit mois que je suis tétraplégique. Je ne peux plus soulever une assiette, j’ai besoin de quelqu’un pour aller aux toilettes. Ça m’a rendue complètement dépendante alors que j’étais quelqu’un d’autonome. Je suis détruite”, témoigne Françoise, la voix tremblante.

Une vingtaine de plaintes déposées

Les effets indésirables de ce médicament sont connus: troubles neurologiques, atteintes des nerfs, des tendons, troubles cardiaques. Mais il est toujours considéré comme utile dans certains cas. Et c’est ce que Françoise ne comprend pas.

“Je suis outrée qu’un médicament avec de tels effets secondaires graves, soit sur le marché. Je ne veux pas que ça arrive à d’autres personnes”.

Il y a un an, des patients ont porté plainte contre leurs médecins et contre X. Et selon les informations de RMC, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour blessures involontaires et tromperie. Au total, une vingtaine de plaintes sont déposées à ce jour.

Vers la mise en place d'une attestation?

Philippe Coville, victime lui aussi, est président de l’association qui regroupe 650 patients. Il dénonce un défaut d'accompagnement de la part des autorités sanitaires et propose un changement clair, net et précis: “La mise en place d’un processus tout simple de sécurité, sous la forme d’une attestation d’informations partagées, qui serait signée du médecin et vérifiée par le pharmacien avant délivrance du médicament, extrêmement toxique pour la santé”.

RMC s’engage avec vous” a donc porté sa demande et l’Agence nationale de la Sécurité du médicament l’a entendue. La mise en place de cette attestation cosignée par médecin et patient est aujourd’hui à l’étude.

L’association alerte aussi sur le désarroi des victimes, mal prises en charge et ruinées par des traitements coûteux. Elle réclame la création d’un comité d’experts spécialisés sur les conséquences de ces traitements.

Mais en attendant la concrétisation de ces mesures, la fluoroquinolone n’est plus prescrite comme avant. Le ministère de la Santé nous a communiqué ses chiffres: entre 2015 et 2022, le nombre de prescriptions de fluoroquinolones a diminué de 39%.

Mais c’est encore insuffisant: en mai dernier, l’agence européenne du médicament constatait que le médicament était encore trop utilisé, à des fins qui ne respectent pas les recommandations. Elle a dû faire un rappel à l’ordre à tous les pays membres.

Amélie Rosique, Solène Leroux et Guillemette Franquet