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"J'étais paniquée": le parcours d'Ève face à une mère qui veut "s'auto euthanasier"

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Ève Guaveia, membre de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité, a témoigné, ce matin, de l'histoire de sa mère, qui a voulu à deux reprises "s'auto euthanasier" face à un cancer qui se généralisait.

Comment accompagner un parent, qui veut mourir, vers la mort, tout en restant dans la légalité? Cette question est au cœur des délibérations de la convention citoyenne sur la fin de vie, qui va rendre ses conclusions ce dimanche. Cette question, Ève Guavela en est d'autant plus concernée. Membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), elle a vu sa mère, Yvonne, atteinte d'un cancer généralisé, vouloir mourir. Invitée de la Matinale Week-End de RMC, elle a livré un témoignage poignant de cette histoire qui a changé sa vision de voir la vie.

Tout a commencé quand sa mère avait 89 ans. Elle n'est pas encore atteinte du cancer qui va lui ôter la vie mais "elle avait tous les jours un pépin de santé qui se manifestait ici."

"J'étais stupéfaite"

Un jour, après l'avoir appelée sans réponse, elle se rend à son domicile: "J'avais une clé. Je suis entrée et je l'ai trouvée inanimée. J'étais tellement paniquée que je ne me rappelais même pas son adresse pour appeler les pompiers. Je suis allée frapper chez les voisins qui sont venus ont appelé les pompiers", raconte Ève.

"Quand ils sont arrivés, ils ont tout de suite regardé autour d'elle. Elle était allongée à terre devant la baie vitrée et ils ont trouvé des médicaments. Le pompier m'a alors demandé 'Est-ce que votre mère a déjà parlé d'abréger sa vie?' Je réponds 'pas du tout, ma mère est très combattante…'"

Ève raconte son choc, sa "stupéfaction de voir cette femme pleine de vie, qui avait attenté à ses jours" avant de comprendre après discussion avec sa mère.

"Je n'appelle pas ça un suicide. J'appelle ça une auto euthanasie parce qu'effectivement, après, quand on en a parlé après, elle m'a dit 'que demain ne peut pas lui apporter plus qu'hier'. Elle souffrait. Elle avait toujours quelque chose. Elle voulait mourir avec plus de sérénité. Mais ce que notre pays ne lui a pas permis…"

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La solitude de l'aidant

Fille unique, Ève s'est retrouvée "seule". "Et quand, trois ans après, elle a recommencé, j'étais encore seule", ajoute-t-elle. La seconde fois, elle a retrouvé, une nouvelle fois, sa mère inanimée, chez elle. "Là, je savais que c'était volontaire". Ève se retrouve alors devant un dilemme: "je restais auprès de ma mère qui était en train de mourir. Ou alors j'appelais les pompiers, ce qu'elle n'aurait pas voulu. Et j'ai dû appeler les pompiers. Voilà…"

Sa mère est décédée un an plus tard, à la suite de son cancer. Les quinze derniers jours, des soins palliatifs lui ont été administrés. Mais ce n'est pas suffisant pour Ève qui aurait souhaité que les volontés de sa mère soient respectées.

Aujourd'hui, elle attend de la convention citoyenne qu'elle se prononce en faveur "d'une nouvelle loi" qui "permette une aide à mourir soit sous la forme d'une euthanasie, soit sous la forme d'une possibilité de suicide assisté" pour "les gens qui le souhaitent" et la généralisation des soins palliatifs sur tout le territoire.

Cette accompagnement jusqu'à sa mort a changé la vision de la vie d'Ève. Désormais engagée avec l'ADMD, elle avoue avoir fait des "directives anticipées" avec ses enfants. " On nous a donné la vie et, à un moment, elle va être reprise. Personnellement, le fait de savoir qu'il y a une fin, ça me donne très envie de vivre le mieux possible les années qu'il me reste à vivre."

https://twitter.com/mmartinezrmc Maxime Martinez Journaliste RMC