"Je fumais 40 cigarettes par jour": la rentrée est-elle le bon moment pour arrêter de fumer?

"J’ai arrêté de fumer il y a un an et demi grâce au patch. Au début, pas facile, j’ai commencé à 21 mg puis 27 puis 35 mg. Je fumais 40 roulées par jour. J’avais pris beaucoup de poids, je suis arrivé à 103 kilos au lieu de 81, mais avec l’aide d’une diététicienne et un changement d’alimentation, j’ai retrouvé un meilleur équilibre. J’ai même réussi à faire arrêter mon petit frère qui fumait 80 tubées par jour", témoigne ce vendredi sur RMC Laurent, 47 ans, agent de sécurité incendie.
Pour la docteure Alice Deschenau, le tabac n’est pas seulement une question de volonté. "Ce n’est pas juste un comportement qu’on peut décider d’arrêter comme ça. C’est une addiction chronique qui nous dépasse et dont on perd le contrôle", rappelle-t-elle dans 5/7 Le Morning RMC. "On n’est pas sur un sprint mais sur un marathon avec différents kilomètres à parcourir".
Si la rentrée est souvent un moment propice aux bonnes résolutions, le "Mois sans tabac" de novembre reste une étape phare pour se lancer. "Tous les moments sont bons, mais profiter de cette dynamique permet d’être soutenu", souligne la spécialiste.
Arrêt progressif et accompagné pour bien tenir sur la durée
Mais comment se "sentir prêt?" "On conseille à se traiter, c’est en se traitant qu’on va être prêt. Des traitements pharmacologiques sont efficaces, au sens largement plus efficaces que placebo. La substitution nicotinique comme les patchs est largement efficace", pointe Alice Deschenau, qui mentionne également des traitements médicamenteux "aussi efficaces" que la substitution nicotinique.
Un arrêt progressif et accompagné est la meilleure façon d'arrêter à long terme, selon elle. "On estime à 5 % les personnes qui seront toujours en arrêt de fumer à un an et qui le font sans aucune aide. On peut être dans des étapes de réduction : diminuer le niveau, la quantité."
Concernant le poids, une activité physique régulière et la substitution nicotinique vont éviter une prise importante dans les jours et semaines qui suivent l'arrêt du tabac. "Le tabac accélère le métabolisme donc le métabolisme ralentit et fait risquer une prise de poids assez modérée", note Alice Deschenau.
Un enjeu de santé publique
En France, 31,1 % des 18-75 ans déclaraient fumer en 2023, dont 23,1 % quotidiennement. Le tabac reste la première cause de mortalité évitable : environ 75 000 décès lui étaient attribuables en 2015, soit 13 % de la mortalité totale. Le vapotage, lui, progresse : 41,8 % des adultes ont déjà expérimenté la cigarette électronique et 8,3 % déclarent vapoter actuellement, dont 6,1 % au quotidien.
"La cigarette électronique, quand on est fumeur, c’est un apport de nicotine sans fumée, donc c’est un outil tout à fait utile qui va avoir lieu de substitution nicotinique et peut donc aider le fumeur. Si on est non-fumeur, la vapeur fait s’exposer à un aérosol potentiellement à la nicotine, une substance hautement addictive", met en garde la docteure Alice Deschenau.
Des nouveaux espaces sans tabac
Pour rappel, le gouvernement a interdit, depuis le 1er juillet, la cigarette dans plusieurs espaces publics extérieurs : parcs et jardins, plages de baignade, abribus, abords des écoles, collèges et lycées, mais aussi autour des bibliothèques, piscines, stades et installations sportives.