"L'immunité naturelle, c'est un mythe": le professeur Gilles Pialoux appelle à l'extrême vigilance face au variant Omicron

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Le Professeur Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Tenon à Paris et vice-président de la société française de lutte contre le sida, a appelé ce vendredi sur RMC et BFMTV à prendre des mesures face à la progression du variant Omicron, et à décaler la rentrée des classes, notamment.
Dangerosité du variant Omicron
L'épidémie de Covid-19 s'accélère, poussée par le variant Omicron. Le nombre de nouveaux cas explose chaque jour en France et doit atteindre les 100.000 bientôt. "Le choix qui a été fait, c’est d’attendre et de voir selon la situation s’il faut des mesures, explique Gilles Pialoux. On va avoir un effet double lame avec Delta qui continue à circuler et la vague d’Omicron. En janvier, ce sera trop tard pour prendre des mesures. C’est un choix de société."
"Le président de la République évoque 'l’effet temps' mais celui-ci a changé. Le temps de doublement du variant d’Omicron est de trois jours", ajoute-t-il prévoyant un pic du nombre de cas vers la mi-janvier. Concernant la dangerosité du nouveau variant, il partage l’optimisme général.
Ecole
"L’enjeu majeur de la rentrée, c’est l’absentéisme provoqué par la rapide contagion du variant Omicron, à l’école et à l’hôpital. L’école, c’est la partie la plus ombragée du système avec cette obsession à ne pas vouloir fermer et ce non-dépistage des enfants. Il y a des études, notamment de l’Inserm, qui montrent qu’en dépistant les enfants deux fois par semaine, comme l’ont fait le Danemark et l’Autriche, et que vous sortez les enfants positifs, vous fermez moins de classes ! Il faut une politique de dépistage audacieuse et régulière. Cela aurait été sage de retarder le retour à l’école."
Vaccination des enfants
"La société, les politiques et les experts ont pris en otage la question des enfants. La question des enfants, ce n’est pas seulement le masque et l’école. Au début de la première vague, un ensemble d’études anglais a listé les peurs des enfants. Et deux tiers des enfants de 5 à 10 ans avaient peur d’être contaminés et 25% de contaminer d’autres personnes. La question de la santé des enfants dépasse le cadre de l’Education nationale. On va expliquer aux parents l’intérêt du vaccin aux enfants. Il n’y a aucun effet à long terme avec le vaccin. Il n’y a d’ailleurs jamais eu d’effets à long terme avec n’importe quel vaccin".
Immunité collective
Si le variant Omicron est réellement moins dangereux comme le laissent penser plusieurs études, ne faudrait-il pas le laisser circuler pour profiter d’une immunité collective? "C’est quelque chose que je mets dans les 'fake news'", répond Gilles Pialoux. "L’immunité naturelle, c’est un mythe. Pour avoir une immunité collective, il faudrait 95% de la population soit infectée. Qui va accepter que cette part de la population ait 1% de probabilité de mourir ou aller en réa?".
"L’immunité induite par en virus n’est pas forcément efficace pour le variant qui suit. J’ai des soignants qui ont eu deux fois le Covid avec différents variants, ayant eu une immunité croisée inefficace".
Vaccination
"Il faut aller chercher les 2 millions de plus de 65 ans qui n’ont pas la troisième dose. Il faut aussi aller chercher le million de patients avec des comorbidités notamment les obèses".
"On remplit nos services avec des non-vaccinés. J’ai 13 lits dont 11 occupés par des non-vaccinés. Six assurent n’avoir pas eu le temps, pas eu l’occasion ou attendaient de voir, deux sont vraiment contre et le reste, on n’est pas allé les chercher, comme les personnes âgées isolées souffrant de maladies cognitives. Il y a très peu d’antivax".
"Mais on ne s’en sortira pas si on met tout sur le vaccin et le dépistage. C’est mondial. On a enregistré 73% de baisse de solution hydroalcoolique entre août 2020 et août 2021. On a perdu le fil du lavage, il y aussi une baisse de vente de masque", prévient le praticien.