La détresse d'un infirmier de Mulhouse sur RMC: "On n'en peut plus, j'ai des collègues qui viennent pleurer dans mes bras tous les jours"
"On n'en peut plus. Tout simplement": c'est un cri du coeur qui vient du centre même de l'épidémie de coronavirus en France. Chady est infirmier au CHU de Mulhouse, où se trouve l'hôpital de campagne installé par les armées.
Le Grand Est est, depuis plusieurs semaines, l'une des régions les plus lourdement touchées par l'épidémie avec samedi 3.777 personnes hospitalisées, dont 786 en réanimation, et 757 décès.
Auditeur de RMC, Chady confie son désarroi: infirmier à Mulhouse, témoigne de la situation: "On n'en peut plus. Tous les collègues le disent: nous sommes au bord du burn out. J'ai des collègues qui viennent pleurer dans mes bras tous les jours. On dort cinq heures par nuit. Et encore, si j'arrive à dormir. J'ai perdu mon rythme biologique, mon rythme physiologique. Je ne mange plus, je ne fais plus rien. J'ai tout perdu" souffle-t-il à Apolline de Malherbe.
Dimanche, des hélicoptères de l'armée française et un avion militaire allemand ont acheminé des malades du Covid-19 de cette région vers le sud-ouest de l'Allemagne, et des TGV médicalisés ont évacué des patients vers la Nouvelle-Aquitaine.
"On est en stress constant de savoir s'il y aura des morts encore... On part au boulot la boule au ventre. Sincèrement, je n'ai plus envie d'y aller. Stress constant, des gens qui ont peur, des gens qui viennent pour rien, entassés dans des salles d'attente... Et nous n'avons qu'un seul masque par jour: c'est intolérable. Chaque jour, on nous dit que nous allons en recevoir. Nous n'avons pas de gant, on se fait voler des gels. J'en tremble, je suis au bord des larmes. C'est incroyable" se décourage le soignant.
Le nouveau coronavirus a causé 292 nouveaux décès enregistrés à l'hôpital en 24 heures en France, portant le bilan à 2.606 morts depuis le début de l'épidémie en décembre, selon les dernières données publiées dimanche soir: 40.174 cas d'infection au Covid-19 ont été confirmés dans le pays (contre 37.575 samedi), et 19.354 personnes sont hospitalisées (contre 17.620 la veille).