RMC
Santé

"La santé, ça a toujours couté cher": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

placeholder video
Le gouvernement prévoit une baisse des remboursements de certains médicaments et des consultations. Et pour l’éditeur et écrivain Arthur Chevallier, c’est un dur rappel à la réalité: la santé, ça a toujours coûté très cher. C’est son avis tranché ce vendredi sur RMC.

Ce n'est pas la magie qui nous soigne, c’est l’argent. La médecine, ça coûte très cher. Le système français est généreux, tant mieux pour les Français, mais la vérité, c’est que c’est un luxe presque unique au monde. Aux États-Unis, par exemple, attraper un rhume, ça revient plus cher que de se casser une jambe à Paris.

L'Etat providence

Mais aujourd’hui, on en vient à se demander si on en a encore les moyens, alors qu’au début, on ne se posait même pas la question. La Sécurité sociale date de 1945: on sort de la guerre, la France est dans un état pitoyable. Il fallait la remettre sur pied.

La mission de l’Etat, c’était de protéger les plus vulnérables. Et qui dit aide, dit solidarité. Pas profit. La santé, ça coute de l’argent? Tant pis. C’est le fameux État providence. Mais dans les années 1970, la logique change.

La croissance ralentit, les déficits se creusent, et donc aussi celui de la sécu. L’État n’est plus seulement là pour protéger, mais pour calculer. Même pendant les années Mitterrand, financer les dépenses sociales, ça devient un objectif. Et ça ne s’arrêtera plus jusqu’à la crise que nous connaissons.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Le coût de la santé - 22/11
3:05

La santé publique, ça vient d’où?

À l’origine, ce n'était pas pour être sympa, c’était une logique de rentabilité. La santé publique, ça devient un sujet à la fin du Moyen Âge. Et le déclencheur, c’est une épidémie de peste qui va ravager la France à la fin du XIVe siècle. Un pays qui perd sa population, c’est un pays qui perd sa puissance, donc il faut agir.

L’État fait une sorte de partenariat avec l’Église. C’est elle qui va devoir s’en occuper. On regroupe les malades dans des hospices, et les villes engagent des médecins pour s’occuper des plus misérables.

Donc dès le début, la santé, c’est un peu liée à la charité. Et ça continue sur le même modèle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Les hôpitaux s’occupent des malades, mais aussi des pauvres en général. Et à partir du XIXe, on se rend compte que pour être vraiment productif, un travailleur doit être en bonne santé.

L’État s’y met et remplace petit à petit la charité chrétienne. Et en 1849, on crée l’Assistance publique pour coordonner tout ça. Les hôpitaux publics, on ne va pas se mentir, c’était surtout pour les pauvres. La bourgeoisie, elle, se faisait plutôt soigner par des médecins, à domicile.

Donc, la santé publique, c’est aussi une question économique, pour le meilleur, comme pour le pire. Réduire les dépenses de la sécu, c’est une obligation. On ne peut pas inventer de l’argent. Mais attention, il faut compenser par quelque chose, pourquoi pas des solutions qui viennent du privé? Sinon, les gens seront juste de plus en plus mal soignés. Et avoir une population en mauvaise santé, c’est bon pour personne…

Arthur Chevallier