Baisse du remboursement des médicaments: les retraités et les précaires menacés?

Un nouveau coup dur pour la santé des Français. Dès 2025, se soigner coûtera encore plus cher. La ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq a annoncé une baisse du remboursement des médicaments en 2025, quelque temps après avoir annoncé que les visites médicales seraient moins bien remboursées.
Le "ticket modérateur", le plus souvent à la charge des complémentaires santé, augmentera de 5% sur les médicaments, a prévenu lundi la ministre en ouverture des débats sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025.
Aujourd'hui, un médicament prescrit est remboursé par la Sécurité sociale. Ce pourcentage de prise en charge varie selon le traitement. Pour le Doliprane, le médicament préféré des Français, la Sécu rembourse actuellement 40 centimes. Avec cette mesure, ce sera 30 centimes. Les 10 centimes de différence seront pris en charge par les mutuelles, sauf pour les 3 millions de Français qui n'en ont pas. Et même si la mutuelle complète, elle pourrait être tentée d'augmenter ses tarifs pour renflouer ses caisses.
11% de la population ne peut plus se soigner
Une décision qui pourrait pénaliser les plus précaires. "Ils sont nombreux à ne plus pouvoir assumer les cotisations de leurs complémentaires santé", prévient ce mardi, sur RMC et RMC Story, Catherine Simonin, membre du bureau de France Assos Santé, qui représente les patients et usagers du système de santé.
Charlène, qui travaille dans les mutuelles et fait la jonction avec la Sécurité sociale, constate que de plus en plus de retraités se désengagent de leur mutuelle. "Les salariés du privé ont une mutuelle obligatoire et ça se met en place dans la fonction publique. Les précaires vont avoir la CMU. Mais les retraités, eux, paient à 100% leurs cotisations et ont besoin d'avoir accès aux médicaments", explique-t-elle.
"Les indépendants, qui assument complètement leurs cotisations, vont se désengager", prédit de son côté Catherine Simonin. "11% de la population ne peut plus se soigner", ajoute-t-elle.
Et 49% des Français craignent de devoir renoncer à se soigner en 2025 en raison du coût. "Il y aussi les restes à charge cachés, tout ce qui n'est pas remboursé autour de la maladie, 1.500 euros en moyenne", poursuit Catherine Simonin.
"J'ai de plus en plus de reste à charge"
C'est ce qu'a constaté David, soigné pour trois cancers, qui a besoin de médicaments vitaux et qui sont toujours moins bien remboursés: "J'en ai cinq le matin et un le soir. J'ai peur qu'à l'avenir, on ait de plus en plus de mal à se soigner. J'ai la chance de travailler dans une banque, d'avoir une bonne mutuelle, mais j'ai de plus en plus de reste à charge".
"J'ai fait une prise de sang la dernière fois avec une recherche de carence de vitamine D. Le laboratoire m'a appelé pour dire que je devais payer 15 euros pour avoir les résultats de l'analyse et ils étaient obligés de demander mon accord", explique-t-il.
La décision de la ministre de la Santé répond à des besoins économiques, alors que le gouvernement est à la recherche d'économies. "Il y a des marges d'économies, notamment sur la pertinence des soins, alors que 20% des actes ne le sont pas", appelle Catherine Simonin.