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Le Ramadan est-il un facteur de risque face au Covid?

Un peu moins de 3 millions de musulmans français vont suivre le jeûne. Les autorités religieuses déconseillent également de se regrouper au-delà du foyer ou entre voisins au moment de l'"Iftar", le repas quotidien de rupture du jeûne.

Début du ramadan ce mardi. Pendant un mois, les musulmans sont invités à s'abstenir de boire, de manger, de fumer et d'avoir des relations sexuelles, de l'aube au coucher du soleil. Pour la deuxième année, ce mois de jeûne, de prières et de partage sera perturbé par le Covid.

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Mais rien n’indique que la privation d’eau et de nourriture accroît le risque d’attraper le Covid ou d’en développer une forme plus grave. On peut l’affirmer grâce à une étude anglaise, menée l’année dernière sur 10 millions de personnes et publiée il y a quinze jours. Les chercheurs ont analysé les données du pays pendant 20 semaines, dont les quatre du ramadan, en plein cœur de la première vague et du premier confinement. Conclusion, aucun impact du jeûne sur la mortalité, les villes où la proportion de musulmans dépasse les 20% ont suivi la même trajectoire que les autres, les nombres de cas et de décès y ont autant baissé qu’ailleurs.

Reste alors une question: si on est déjà infecté par le coronavirus, est-ce que ne pas manger freine la guérison? L’OMS ne répond pas vraiment, mais précise simplement que les malades peuvent obtenir une dérogation pour s’alimenter, tout en restant dans le cadre de leur religion.

Aucun problème avec le vaccin

Certains musulmans se posent aussi des questions concernant la vaccination pendant le ramadan. Deux interrogations principales, est-ce que les vaccins contiennent des produits interdits pour les musulmans, et est-ce que l’injection intramusculaire équivaut à une rupture du jeûne? Les laboratoires Pfizer, Moderna et AstraZeneca ont répondu à la première question: pas de gélatine de porc dans leurs vaccins, donc aucun problème de conformité religieuse.

Quant à la deuxième, ce sont les autorités cultuelles elles-mêmes qui ont pris la peine d’y répondre. Le Conseil français du culte musulman et la grande mosquée de Paris expliquent que la vaccination n’invalide pas le jeûne, ce sont leurs mots. Le président du CFCM, Mohamed Moussaoui, affirme, je cite, que “le médicament n’est pas un produit de consommation comme la viande ou la boisson”, et il invite tous les musulmans qui le peuvent à se faire vacciner.

Outre ces questions, ce mois de ramadan s’annonce forcément particulier pour les musulmans pratiquants. Entre attente et frustration, beaucoup de fidèles naviguent entre ces deux sentiments. Faryal, et Bibi, par exemple.

“C’est une période qu’on attend parce que c’est une période de rassemblement, où il y a une spiritualité plus accrue. Mais c’est compliqué de manger seul chez-soi le soir”, indiquent-elles.

Pas de grandes réunions pour rompre le jeûne tous les soirs. Mais des mosquées ouvertes, pour les prières de la journée. Saber s'en félicite. “C’est déjà une petite embellie”, assure-t-il. Des fidèles qui ne pourront pas assister à la dernière prière, après 22h, couvre feu oblige. 

Louis Amar avec Guillaume Descours