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Le "Ségur de la Santé" va-t-il "révolutionner" l'hôpital français?

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Le monde des soignants a les yeux rivés sur le lancement du "Ségur de la Santé", vaste concertation destinée à améliorer ses conditions de travail, ses rémunérations et la prise en charge des malades. Mais que peut-il vraiment en découler?

La révolution de l'hôpital? Le "Ségur", comme le gouvernement l'a nommé, de la Santé s'ouvre à 15h30 ce lundi, avec un discours du Premier ministre, Edouard Philippe. Après quinze jours de déconfinement et une épidémie de coronavirus qui semble refluer, le monde des soignants aura les yeux rivés lundi sur le lancement du "Ségur de la Santé", vaste concertation destinée à améliorer ses conditions de travail, ses rémunérations et la prise en charge des malades.

Cette grande concertation, du nom de l'avenue où se trouve le ministère de la Santé, lancée par le ministre Olivier Véran, doit aboutir "mi-juillet". Elle répond à la promesse d'Emmanuel Macron qui avait évoqué fin mars "un plan massif d'investissement et de revalorisation" pour l'hôpital. 

Au programme: hausse des salaires des soignants, fin des 35 heures à l'hôpital pour leur permettre de faire des heures supplémentaires. Le gouvernement veut aller vite avec une présentation de ces mesures au plus tard mi-juillet, puis un vote avec le budget de la Sécurité sociale, au Parlement à l'automne.

"Du fric pour l'hôpital public"

300 personnes devraient y participer, à distance en visioconférence, mesures sanitaires oblige, dont les organisations syndicales mais aussi les collectifs (Inter-Hôpitaux, Inter-Urgences...) ainsi que des représentants d'EHPAD ou d'établissements médico-sociaux. Principal mot d'ordre: "Du fric pour l'hôpital public" comme le demande l'un des slogans du collectif Inter-Hôpitaux qui demande 300 euros d'augmentation minimum.

Cet ensemble de propositions extrêmement détaillées, concernant l'ensemble des champs de la santé publique, a d'ailleurs été publié dans un "manifeste des soignants" sur le site du quotidien Libération.

"Et ce que nous craignions tous est advenu: un cataclysme. L'épidémie de Covid s'est abattue sur la nation, plaçant l'hôpital public fragile, démuni, désossé, en première ligne" peut-on lire. Ce manifeste s'accompagne d'une lettre ouverte à Emmanuel Macron, rappelant l'inquiétude exprimée depuis des mois voire des années "quant à l'évolution extrêmement préoccupante du système de santé... sans réponse à la hauteur des problèmes soulevés".

"Nous n'avons plus le droit à l'erreur"

L'Exécutif se sait attendu au tournant: il s'agit là du 3ème "Plan hôpital" depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée. "Nous n'avons plus le droit à l'erreur" concède un député de la majorité, qui garde à l'esprit que plusieurs syndicats et collectifs de soignants préparent d'ores et déjà une journée de mobilisation nationale le 16 juin.

Pour le chef de l'Etat, ce "Ségur de la Santé" est aussi l'occasion de faire remonter sa côte de popularité à un moment charnière du quinquennat "quand vous retissez le lien avec les soignants, vous parlez au coeur des Français", conclut un proche. 

Paul Barcelonne et Gwladys Laffitte