"Le système d'arrêt de travail pas viable à terme", concède Yannick Neuder après les propositions du Medef

Un système à réformer. Alors que la question des finances de la santé ne cesse d'agiter les organisations patronales et le gouvernement, le Medef a proposé ce mercredi 9 juillet d'instaurer des jours de carence dans le secteur privé en cas d'arrêt maladie.
Sur le modèle du public, l'organisation patronale suggère qu'un à trois jours d'arrêt ne soient payés ni par la Sécu, ni par l'employeur. On parle alors d'un jour de carence "d'ordre public", différent d'un jour de carence classique. Questionné sur le sujet ce jeudi 10 juillet, Yannick Neuder, ministre de la Santé, répond sur le plateau des Grandes Gueules.
"Un travailleur pour trois bénéficiaires"
"Un sujet se pose. Il y a une inégalité de traitement entre le public et le privé. Dans le privé, sans accord conventionnel de branche, vous pouvez avoir jusqu'à trois jours de carence et on ne parle pas suffisamment de cela", commente le ministre.
"Quel modèle social voulons-nous?", s'interroge ce dernier.
Prenant exemple sur les données de la Sécurité sociale lors de son lancement en 1946 ("trois cotisants pour un bénéficiaire"), Yannick Neuder constate que le système "a bien changé" avec désormais "un travailleur pour trois bénéficiaires".
"Le système n'est pas viable à terme donc il faut vraiment se poser la question", lace-t-il.
"Il y a une pression croissante vis-à-vis des médecins"
Quant aux arrêts médicaux abusifs, le ministre évoque la généralisation d'arrêts accordés trop facilement.
"Il faut sortir de la mentalité ambiante (sic). On entend tous [au travail] quand il y a un conflit [avec son employeur], un employé dire 'je vais me mettre en arrêt de travail', c'est quelque chose de complètement déviant. On devrait d'abord alors voir son médecin, lui poser son problème pour que celui-ci décide s'il y a lieu d'interrompre, ou pas, le travail. Il y a une pression croissante vis-à-vis des médecins", note Yannick Neuder.
Faisant un parallèle avec la récente agression d'un praticien de SOS Médecins à Lille le 2 juillet dernier, le ministre évoque le refus d'un arrêt de travail à une patiente comme le motif de l'acte des agresseurs, même si ce n'est pas le motif principal retenu lors du procès qui s'est tenu ce mercredi 9 juillet.
Mener le chantier de la santé au travail
Indissociable des arrêts de travail, le chantier de santé au travail doit aussi être mené, assure le ministre. "On peut se poser la question 'pourquoi certaines entreprises souffrent de plus d'absentéisme que d'autres?'. Il y a des conditions de management, des conditions de travail [à revoir]. [...] Il faut s'intéresser aux prescripteurs et aux conditions de travail", commente ce dernier.
"Vouloir uniquement régler le problème des indemnités journalières en tapant sur les prescripteurs, c'est ne pas vouloir ouvrir le chantier de la santé au travail en France", ajoute-t-il.
Pour lutter contre la fraude qui coûte chaque année 13,5 milliards d'euros à l'État, le ministre de la Santé entend par exemple vouloir mettre fin aux faux arrêts de travail, dont certains peuvent être trouvés en ligne, et émettre désormais des documents infalsifiables.