Le vaccin Pfizer déjà autorisé au Royaume-Uni: pourquoi l'UE défend une méthode plus lente

Les Européens se sont défendus mercredi d'avoir pris du retard dans leurs procédures d'autorisation de vaccins anti-Covid et ont justifié leur "approche différente", après que le Royaume-Uni est devenu le premier pays à approuver le vaccin Pfizer/BioNTech.
Le gouvernement britannique a annoncé mercredi avoir accordé son feu vert au vaccin après recommandation de son Agence indépendante de réglementation des médicaments (MHRA), assurant que cette première parmi les pays occidentaux avait été permise par le Brexit.
"L'important n'est pas d'être le premier, mais d'avoir un vaccin sûr et efficace", a répliqué le ministre allemand de la Santé Jens Spahn, au cours d'une réunion en visioconférence avec ses homologues de l'UE.
"Nous avons préféré l'approche conditionnelle normale, recourant à une procédure éprouvée"
"Il faut noter qu'il y a différentes procédures et approches: les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont opté pour des autorisations d'utilisation d'urgence, alors que nous avons préféré l'approche conditionnelle normale, recourant à une procédure éprouvée, ce qui peut conduire à quelques différences de calendrier", a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.
"L'autorisation relève de toute évidence de l'expertise scientifique. Mais comme nous le voyons dans les commentaires britanniques, il s'agit également d'une préoccupation politique", a relevé Jens Spahn, dont le pays assure jusqu'à fin 2020 la présidence tournante de l'UE.
Pour lui, expliquer le "succès" britannique par le Brexit est un peu court, car la biotech allemande BioNTech a été "financée par l'UE".
"Cela montre qu'un produit issu de l'UE peut être si bon qu'il peut être autorisé en un rien de temps au Royaume-Uni! Et qu'en pleine crise, il vaut mieux miser sur la coopération européenne et internationale", a-t-il cinglé.
L'UE s'est donnée jusqu'au 29 décembre "au plus tard" pour une autorisation
L'américain Pfizer et l'allemand BioNTech ont déposé la demande d'autorisation conditionnelle de leur vaccin contre le Covid-19 dans l'UE auprès de l'Agence européenne des médicaments (EMA), qui s'est donnée jusqu'au 29 décembre "au plus tard" pour une autorisation.
L'EMA, dont les personnels travaillent "jour, nuit et week-ends pour finir leur examen aussi rapidement que possible", fera un point auprès des 27 Etats-membres le 11 décembre, a précisé M. Spahn. A ses côtés, la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides, a défendu la ligne de l'exécutif européen.
"Les vaccins passent par un examen scientifique indépendant mesurant leur qualité, leur sécurité et leur efficacité", a-t-elle souligné. "C'est crucial de ne mettre sur le marché que des vaccins sûrs et efficaces. Il est important de faire passer le message aux citoyens pour qu'ils aient confiance et n'hésitent pas à se faire vacciner".