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"Les chômeurs, les étudiants, venez nous prêter main forte": les maraîchers en manque de main d'oeuvre pour les récoltes

Le secteur a besoin de 200.000 saisonniers d'ici au mois de mai. Mais avec la fermeture des frontières beaucoup ne peuvent pas venir en France.

La crise sanitaire liée au Covid-19 se fait également ressentir dans le domaine de l’agriculture. 70.000 à 80.000 saisonniers, sur les 200 000 dont a besoin l’agriculture de mars à mai, viennent habituellement d’Espagne, du Portugal, de Pologne et d’Afrique. La FNSEA sonne l’alerte.Avec la multiplication des fermetures des frontières, liée à l’épidémie de Covid-19, les saisonniers étrangers ne peuvent rejoindre la France, menaçant d’ores et déjà la récolte d’asperges, de fraises, d’endives et de tomates.

Dans deux semaines, les premières salades seront bonnes à récolter. Sauf que Romain Douville, maraîcher, n’a pas assez de bras pour les ramasser.

“On a à peu près un tiers du personnel qui est là, et les deux autres tiers ne sont pas encore arrivés. Ils viennent de Pologne, du Portugal et d’Ukraine. Mais tout ça c’est fermé. Donc ils sont chez eux, prêts à venir, mais tout le monde est bloqué”, indique-t-il.

Une répercussion visible dans les prochaines semaines

Sans ses ouvriers étrangers, il craint de perdre plus de 60 % de sa production. “Si vous n’allez pas récolter, vous foutez en l’air. Donc il y a une perte sèche pour le producteur et ensuite, il y aura une pénurie des denrées alimentaires. Si l’agriculture ne tourne pas aujourd’hui, la répercussion sera dans quelques semaines, dans quelques mois voire cet hiver”, explique-t-il. 

Le syndicat agricole, la FNSEA, demande au gouvernement de mettre en place des dérogations pour faire venir les travailleurs étrangers en France en attendant Benjamin Devos maraîcher et membre du syndicat lance un appel.

“Les chômeurs, les étudiants, je les appelle à se manifester pour prêter main forte pour aider à pallier ce manque de main d’œuvre, tout le monde a quitter les grandes villes pour aller à la campagne. C’est bizarre, mais qu’ils viennent nous aider à l’air pur, avec la terre”, indique-t-il. 

Les citadins, les mains dans la terre, peut être une manière de sortir de la morosité du confinement.

Romain Poisot avec Guillaume Descours