"Les gens ne vont pas arrêter": l'interdiction des sachets de nicotine, une action vaine?

Les sachets de nicotine, aussi appelés "pouches" ou "snus", seront interdits en France dès mars 2026. Ces produits sont censés servir d'alternative au tabac, mais restent nocifs. Et parmi les rangs des consommateurs, on retrouve beaucoup de jeunes.
Benoît, 18 ans, non-fumeur, en prend régulièrement. "Tu le mets sous la gencive. Au début, ça brûle un peu, ça pique et après t'es pas stressé. On va dire que ça te met bien, ça te fait tourner la tête. T'es un peu défoncé", raconte l'adolescent au micro de RMC.
L'interdiction de ces sachets ne changera rien pour lui: il continuera d'en prendre et sait déjà qu'il pourra s'en procurer très facilement.
"Puff, snus... Il y a tout sur Tiktok. Les gens sont tellement dépendants de ça. C'est que de la nicotine, c'est pire que les clopes. Les gens ne vont pas arrêter", affirme-t-il.
Ces produits sont en effet très nocifs et contiennent un taux élevé d'arsenic, une substance cancérigène, d'après une étude du comité national contre le tabagisme. Et bien plus que dans une cigarette.
Un risque "d'initiation au tabagisme"
En 2023, l'Anses avait appelé à une vigilance particulière sur les sachets de nicotine, en raison de la hausse du nombre d'intoxications, notamment chez les enfants et les adolescents.
Le ministère du Travail, de la Santé et de la Solidarité a déclaré à l'AFP que bannir ces produits visait "à protéger la santé publique, car la nicotine est désormais considérée comme une substance vénéneuse", et en raison du "risque d'initiation au tabagisme" qu'ils présentent.
Eric, père d'un adolescent, ne connaissait pas ces "pouches", mais se dit rassuré d'apprendre qu'il seront prochainement interdits. "Toutes les choses qui sont en vente libre et qui sont néfastes pour la santé, je pense qu'il faut réguler", dit-il.
Des produits "addictifs"
Du côté de l'Alliance contre le tabac, cette interdiction est vue comme une victoire de santé publique.
"Des influenceurs, sur TikTok notamment, en font une promotion extrêmement régulière et extrêmement agressive", dénonce Loïs Josserand, président de l'association, à RMC. D'autant plus que tout est fait, selon lui, pour attirer les jeunes.
"Ce ne sont pas des produits de sevrage. Ce sont des produits addictifs, qui n'ont qu'un seul objectif: faire rentrer ou maintenir les gens dans la dépendance à la nicotine", ajoute-t-il.
De leur côté, les buralistes dénoncent un aveu de faiblesse des pouvoirs publics, qui auraient dû miser sur la prévention et la réglementation. "On se trompe de méthode une nouvelle fois. Il y avait une occasion aujourd'hui d'offrir une alternative aux fumeurs adultes et celle-ci sera interdite en France", déplore Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes.
Il explique: "Cela fait deux ans que l'on demande que ce produit trouve une réglementation. Nous avons essayé de sensibiliser les pouvoirs publics pour les responsabiliser. Pour les jeunes, on doit surtout être bienveillant pour que personne ne leur adresse ce produit".
D'après une étude récente de l'Alliance contre le tabac, près d'un tiers des 10-15 ans connaissaient ces "pouches" et 10% les consomment régulièrement.