Les jeunes boivent moins d'alcool: sont-ils plus responsables que les générations précédentes?

La consommation d'alcool poursuit sa baisse en France. La consommation a diminué de 3,8% entre 2022 et 2023, selon le rapport de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives publié ce mercredi 27 novembre. 37% des Français boivent de l'alcool au moins une fois par semaine, contre 40% en 2017. Ils sont 7% à consommer tous les jours, contre 10,6 % il y a sept ans.
"C'est une très bonne nouvelle, tous les indicateurs sont à la baisse", note le Pr Mickael Naassila, président de la Société française d'alcoologie, auteur de J'arrête de boire sans devenir chiant, en référence à la question polémique de Léa Salamé à Artus.
Et la consommation chute particulièrement chez les jeunes, avec un adolescent sur cinq qui n'a jamais bu d'alcool. Ils étaient un sur dix en 2000. Les jeunes Français seraient également passés selon l'étude d’un modèle “méditerranéen”, avec une consommation limitée mais quotidienne, en prenant un ou deux verres de vin à chaque repas, à un modèle plutôt “nordique”, avec une consommation moins fréquente mais en grande quantité.
"A la fac, plus personne ne nous force à boire"
Et on peut le constater en interrogeant les premiers concernés. Les soirées, Anastasia, 17 ans, elle connait. Mais dans son verre, jamais d'alcool. "Moi, je bois du coca. Quand j'étais petite (sic), mes parents m'ont donné un peu de bière, mais sinon rien", clame-t-elle.
En cause, le manque d'intérêt, et des raisons religieuses parfois. Les violences sexuelles aussi: les filles préfèrent rester sobres pour les éviter. Mélina, 20 ans, étudiante à la fac, note que les mentalités évoluent.
"En soirée étudiante, si on n'a pas envie de boire, personne ne nous forcera à boire en disant: 'Allez, c'est juste un verre'", décrit-elle.
Le "binge drinking" existe toujours
Mélina, en tout cas, ne s'interdit pas de boire. C'est juste moins souvent, et beaucoup plus d'un coup. À l'image de la soirée-type de Tilio, en prépa.
"Sept, huit verres, puis cinq, six verres d'alcool fort mélangé", confie-t-il, assurant "qu'en Bretagne, c'est un peu la norme".
C'est ce qu'on appelle du "binge drinking", une consommation excessive, qui traduit un changement générationnel, analyse Catherine Delorme, présidente de la Fédération Addiction. "Différemment des générations précdentes qui étaient encore dans faire durer et du coup consommer tout au long de la journée, là, on est plus sur une recherche de sensation rapide", explique-t-elle.
Malgré tout, même les chiffres de ces beuveries express sont en baisse: un tiers des jeunes les pratiquent désormais, contre près de la moitié en 2017.
"Les gens sont mêmes outrés des fois: 'Comment tu fais? Tu ne t'amuses pas?"
D'une génération supérieure, Margaux, 27 ans, plongeuse en restauration, a tout arrêté après l'adolescence et tourne seulement à l'eau et au café dorénavant, sans refuser un verre de vin de temps à autre mais plus pour une consommation "gastronomique".
La consommation "de masse" ne lui manque pas, sans changer ses habitudes. "Je ne m'amuse pas moins, je passe quand même de bons moments", savoure-t-elle, apportant un bémol.
"Ce qui a changé, c'est qu'on est sytématiquement obligé de se justifier quand on refuse. Les gens sont mêmes outrés des fois: 'Comment tu fais? Tu ne t'amuses pas? Un petit verre c'est rien'. Cette culture existe encore", note-t-elle.
Selon l'étude, plus les Français sont vieux, plus ils consomment régulièrement, toutes les semaines ou tous les jours, un verre ou deux, souvent à table.