Les laboratoires d'analyses en grève: "Le ras-le-bol s’installe et faut frapper fort"

Quasiment tous les laboratoires d’analyses médicales de France sont fermés ce vendredi matin et jusqu’à lundi. La réouverture est prévue le mardi 24 septembre, mais cette grève reconductible pourrait se poursuivre au-delà. Aucun examen ou prélèvement ne sera réalisé au cours de cette période, hormis les analyses urgentes pour les patients hospitalisés.
"La quasi totalité des laboratoires de biologie médicale vont fermer", ont assuré dans un communiqué commun sept organisations représentatives du secteur, public comme privé, dont le SNMB et SDBIO (biologistes libéraux) ou le SNBH (biologistes hospitaliers).
Une grève à l’appel de sept syndicats, réunis en intersyndicale, contre l’Assurance maladie, qui a baissé les tarifs de 10% sur certains actes. Une baisse pourtant prévue par un protocole signé par les laboratoires l’an dernier, et qui est entrée en vigueur le 11 septembre dernier.
Alors pourquoi cette grève reconductible? Parce que ce sera la deuxième baisse de tarif des actes de biologie cette année. Et pour François Blanchecotte, président du Syndicat des biologistes (SDBIO), ça fait trop.
"A un moment donné, le ras-le-bol s’installe et faut frapper fort”, explique-t-il.
"On nous réclame 360 millions d’euros"
Cette baisse des tarifs s'explique par l’explosion des prescriptions d’analyses médicales, qui coûtent trop cher à l’Assurance maladie. Le plafond prévu a donc été dépassé et mécaniquement, la baisse des tarifs s’est enclenchée. Mais pour les laboratoires d'analyses médicales, pas question de travailler plus pour gagner moins: “On nous réclame 360 millions d’euros, c’est une somme considérable à redonner".
"Cela revient à faire certains nombres d’examens de façon gratuite”, détaille François Blanchecotte.
Avec un risque, à terme: que les établissements ouvrent moins, voire ferment. Mais en réalité, c’est une minorité de laboratoires indépendants qui pourraient souffrir de cette baisse des tarifs. Donc pour Thomas Fatôme, directeur de la Caisse nationale d’Assurance maladie, cette grève est injustifiée: “C’est de l’activité en plus, ça va aussi dans le chiffre d’affaires des laboratoires de biologie".
Il précise que "le secteur de la biologie médicale en France est un secteur très rentable et qui peut tout à fait supporter des baisses de tarifs qui sont modérées”.
Dans un courrier adressé fin août aux syndicats, le directeur de la Cnam rappelait que le nombre de laboratoires et sites de prélèvements augmente, étant "passés de 4.266 début janvier 2023 à 4.421 à fin mai 2024".
500.000 patients sont accueillis chaque jour en France dans les laboratoires. Il seront donc les premiers à subir les conséquences de ce bras de fer financier. Le temps de cette grève, quelques laboratoires ont été réquisitionnés par les Agences régionales de santé (ARS).