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Les laboratoires Urgo condamnés pour des cadeaux illégaux à des milliers de pharmaciens

Le groupe Urgo a été condamné à une amende de plus d'1 million d'euros, dont 625.000 avec sursis, pour infraction à la loi anti-cadeaux. Environ 8.000 pharmaciens ont accepté des cadeaux entre 2015 et 2021, soit près de 40% de la profession.

Un nouveau scandale dans l’industrie pharmaceutique. Cette fois, il s’agit de pratiques commerciales frauduleuses entre un grand laboratoire et des milliers de pharmaciens. En l’occurrence, les laboratoires Urgo ont été condamnés pour avoir proposé des cadeaux en nature aux pharmaciens qui commandaient régulièrement leurs produits.

Avec des sommes qui donnent le tournis. Environ 8.000 pharmaciens ont accepté des cadeaux entre 2015 et 2021 en échange d'abandon de remises sur leurs produits.

Des voyages, du champagne, une télé ou une cafetière… Rien n’était trop beau pour fidéliser les pharmaciens peu scrupuleux. Pendant six ans, les responsables des laboratoires Urgo ont multiplié les cadeaux en nature aux officines qui passaient des commandes régulières.

Cinq millions et demi d'euros confisqués

Montant de ces largesses: plus de 55 millions d’euros, d’après la répression des fraudes qui a enquêté pendant 18 mois avec les gendarmes de la section de recherches de Dijon. Devant la justice, les responsables des laboratoires Urgo n’ont pas cherché à se défiler. Ils ont plaidé coupable. Et ont été condamnés à une forte amende et près de 5 millions et demi d’euros ont été confisqués.

Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, reconnaît une faute de la part de ses confrères. Une faute qui fait mal à l'image de la profession.

“Ça ne m’étonne pas, mais ça me navre parce que nul n’est censé ignorer la loi. Le fait qu’un laboratoire qui ait pignon sur rue présente cette façon de procéder comme une pratique normale, forcément ça incite à entrer dans cette relation. Mais ce n’est pas parce qu’on vous pousse au crime qu’il faut le commettre. Ça montre un défaut d’explication de notre part, dans les instances professionnelles. On n’a pas communiqué pendant les trois dernières années sur le sujet, c’était il y a déjà trop longtemps”, appuie-t-il.

L’enquête devrait maintenant se recentrer sur les pharmaciens. L’un d’eux aurait reçu à lui seul jusqu’à 120.000 euros de cadeaux.

Guillaume Descours avec Guillaume Biet et Marion Gauthier