Les maisons de retraite n'arrivent pas à recruter: "On ne donne qu'une douche par semaine aux résidents"
Les maisons de retraite n'arrivent plus à recruter du personnel. 44% d'entre elles déclarent avoir du mal à embaucher. C'est un des constats du rapport du Conseil d'analyse économique sur la dépendance des seniors, présenté ce jeudi matin. Les emplois en maisons de retraite ou en aide à domicile manquent aujourd’hui d’attractivité. Les jeunes ne rêvent pas forcément de ce métier qui souffre d’une mauvaise image.
Turn-over important, surcharge de travail, forte sollicitation physique et émotionnelle au quotidien, horaires de nuit, fractionnement du temps de travail… Tout ça pour 1.560 euros par mois. Un chiffre monter la dureté du travail : il y a plus d’accidents du travail dans les EHPAD que dans le milieu du BTP (source : fédération d'associations FNADEPA).
"On nous appelle pendant nos jours de repos"
RMC s'est rendue dans un EHPAD (Établissement d'hébergement pour personnes âgées) en Loire-Atlantique où le quotidien devient parfois très difficile pour les aides-soignantes. Ce mercredi, elles ne sont d'ailleurs que quatre pour 25 résidents. L’équipe travaille constamment en sous-effectif et Céline en souffre au quotidien: "Ça fait plus de 20 ans que je fais ce travail et pour moi, on va en régressant et on ne peut pas accorder aux résident le temps qu'on devrait leur accorder. Dès qu'on a un personnel absent, on est obligé de supprimer les douches, voire ne pas lever certains résidents. On ne peut planifier qu'une seule douche par résident et par semaine, même si les gens sont plus demandeurs. Il faut plus de personnel, nous ne sommes pas assez pour accompagner le résident comme il faudrait".
"Ce n'est pas un travail très attractif"
"On se voit appeler sur nos jours de repos parce qu'ils ne trouvent pas de remplaçants ou de personnel compétent", dénonce Sophie, qui ne supporte plus la façon dont elle fait son travail au quotidien.
"Ce n'est pas satisfaisant. On aimerait avoir plus de temps avec les résidents et non plus bâcler notre travail. On ne prend plus le temps de s'asseoir pour écouter les résidents".
Luc Grousset, le directeur de la maison de retraite aimerait bien soulager ses équipes, mais il n’arrive pas à recruter de nouvelles aides-soignantes. Il le reconnaît, "ce n'est pas un travail très attractif. Les salaires sont bloqués et c'est un boulot physique. Donc s'il n'est pas valorisé, il est difficile pour nous de trouver du personnel". Et avec le vieillissement de la population, la situation n'est pas prête de s'améliorer.