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Municipales: la classe politique a-t-elle raison de demander le report du second tour?

Les politiques de tous bords ont demandé ce dimanche, après l'annonce des résultats, le report du second tour des élections municipales.

47,7 millions d'électeurs étaient appelés à élire leur maire ce dimanche, quelques heures après que le gouvernement a décrété la fermeture de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays". Après l'annonce des premiers résultats à 220 heures ce dimanche, la classe politique a relégué dimanche soir au second plan les résultats locaux des municipales, et s'interrogent en priorité sur l'opportunité de tenir le second tour de ces élections dimanche prochain alors que l'épidémie de coronavirus continue de se propager en France.

>> SONDAGE - Faut-il reporter le 2nd tour des élections municipales? 

Au moment où le ministre de la Santé Olivier Véran annonçait le bilan ajusté de l'épidémie en France, passé dimanche à 127 morts (+36 morts depuis le dernier bilan) et 5.423 cas (+900) de contamination confirmés, les responsables politiques mettaient en doute ouvertement la possibilité de tenir ce second tour.

De LFI au RN, tout le monde d'accord

Avant même 20 heures, le député LFI François Ruffin poussait en ce sens sur Twitter. "Le maintenir serait mauvais pour la santé des citoyens, mais aussi pour celle de la démocratie." Sur France 2, le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou a demandé d'"étudier l'hypothèse du report du second tour", vu que "l'épidémie écrase tout commentaire politique", alors que l'eurodéputé Yannick Jadot plaidait clairement pour un "report".

Au Rassemblement national, la présidente Marine Le Pen a estimé que "le second tour n'aura manifestement pas lieu compte tenu de l'aggravation prévisible de l'épidémie. Il faut considérer acquises les élections de premier tour et reporter les autres dans quelques mois quand l'épidémie sera jugulée", a-t-elle demandé.

"Pourquoi convoquer un premier tour si on sait d'ores et déjà qu'il n'y aura pas de second tour ?" s'est étonné le Premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. "La question qui est posée aujourd'hui est de savoir si le gouvernement a dans l'intention d'aller vers un confinement plus général, est-ce qu'il a l'intention d'aller vers un second tour ou pas ?", a-t-il encore demandé.

Chez Les Républicains, alors que l'entourage du patron du parti Christian Jacob a fait savoir que celui-ci avait été testé positif au coronavirus, c'est le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau qui a demandé "dès demain" une réunion à Matignon sur le second tour afin d'obtenir de "la transparence" et "que nous mettions sur la table toutes les informations pour que collectivement on puisse prendre la meilleure décision pour ce pays" quant au second tour.

Le gouvernement va réunir les experts et les partis pour décider

Les experts seront sondés "sans doute mardi" sur ce second tour, a indiqué pour le gouvernement Olivier Véran sur France 2. "Nous avons parfaitement entendu les partis politiques et nous aurons une consultation des partis politiques sous la houlette du Premier ministre", a aussi précisé la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

Edouard Philippe a annoncé qu'il réunirait "à nouveau en début de semaine" les experts scientifiques et "les représentants des forces politiques" afin de prendre une décision sur la tenue du second tour des municipales le 22 mars, menacé par la crise du coronavirus.

Arnaud Benedetti, politologue a analysé ces prises de paroles en direct sur RMC lors de notre édition spéciale et estime que la question du report est qu'on le veuille ou non sur la table.

"Le faible taux de participation montre que l'épidémie et les annonces du Premier ministre de samedi soir ont pesé sur la mobilisation électorale. Les électeurs ont vu nous étions dans une situation exceptionnelle.
Inévitablement la question du report est sur la table, elle devra en tout cas être débattue entre les différentes forces politiques. On voit quand même qui est en train d'émerger au niveau de la classe politique aujourd'hui une sorte de consensus pour reporter ce second tour."
AFP avec J.A.