Mutuelles: vers un "impact" sur les tarifs des complémentaires santé

Eric Chenut, président de la Fédération nationale de la mutualité française, ne s'en cache pas: il y aura bientôt des "conséquences" sur les tarifs des complémentaires santé. Si le reste à charge des Français est un des plus faibles de l'OCDE et que la ministre de la Santé rappelle que 95% des patients disposent d’une complémentaire, dont la moitié est prise en charge par l’employeur pour les salariés, ça reste une mauvaise nouvelle pour les patients.
En effet, pour les discussions sur le projet de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), le gouvernement souhaite économiser 1,2 milliards d'euros en baissant le remboursement des consultations chez le médecin.
Si le parlement valide cette "augmentation du ticket modérateur" (la part qui n'est pas prise en charge par l'assurance maladie) qui est prévue de passer de 30 à 40%, la prise en charge des mutuelles va donc passer de 7.5 euros quand la consultation était à 25 euros à 12 euros quand la consultation va passer à 30 euros en 2025.
"Il est donc évident que cette évolution aura un impact sur les cotisations", concède Eric Chenut sur RMC ce mardi 29 octobre.
Cette potentielle hausse du ticket modérateur est dénoncée par les syndicats CFDT, CGT, FO, Unsa, CFTC, Solidaires et FSU qui appellent le parlement et le gouvernement à "profondément remanier" le projet de PLFSS.
Complémentaire santé: "Janvier-février, vous ne payez que des taxes pour financer l'Assurance maladie"
Si les mutuelles sont des organismes à but non-lucratif, Eric Chenut rappelle qu'elles ont une obligation d'être à l'équilibre au niveau des finances.
"On a besoin de savoir très vite si le Parlement retient ces options afin de pouvoir tarifer au plus juste et de n'augmenter que du strict nécessaire", alerte le président de la Mutualité française.
D'autant qu'il y a un double bénéfice pour l'Etat car si les cotisations des mutelles, cela fera par ricochet une deuxième source de recettes vu que les contrats des complémentaires santé sont taxés à 14%.
"C'est comme si janvier-février, vous ne payiez que des taxes pour financer l'Assurance maladie. Vous ne commencez à payer votre complémentaire qu'à partir de mars", vulgarise Eric Chenut, qui estime à 170 millions d'euros les recettes pour l'Etat cette augmentation automatique.
Les tarifs avaient déjà augmenté de 8% en moyenne début 2024, mais ça ne suffit pas pour financer un système de santé à la dérive.
La ministre de la Santé a déjà alerté: "En 2025, sans mesure nouvelle (...), le déficit projeté de la Sécurité sociale atteindra 28 milliards d'euros, dont 18,7 milliards pour la branche maladie".