Consultations médicales: le gouvernement veut moins rembourser et faire contribuer les mutuelles

Le nouveau gouvernement tente de colmater les brèches pour boucler le budget. Pour faire des économies, l'exécutif rogne sur à peu près tous les postes de dépenses. Et la sécurité sociale ne fait pas exception. Ainsi, le Premier ministre Michel Barnier veut que les consultations médicales soient moins remboursées par l'Assurance maladie et laisser les mutuelles et complémentaire santé prendre en charge la différence, selon une information du journal Les Echos, que RMC peut confirmer.
Conséquence, si le tarif de la consultation réglé par les Français chez le médecin ne devrait pas changer, le tarif des mutuelles pourrait lui augmenter. Les complémentaires santé ne le cachent pas, elles seraient obligées d'augmenter le niveau de cotisations.
Au grand dam du président de la fédération de patients France Assos Santé, Gérard Raymond: "Ce sont les malades qui vont payer. Pour le moment, on n'a pas vu grand-chose qui aille dans le sens d'une meilleure prise en charge des patients".
"La part des mutuelles va passer de 7,50 à 12 euros"
Aujourd'hui, les organismes privés remboursent 30% du rendez-vous chez le médecin et 70% est pris en charge par la sécu, mais le gouvernement veut en transvaser une partie. Le privé prendrait en charge 10% de plus pour soulager un peu les finances publiques dans le rouge.
"La part des mutuelles va passer de 7,50 à 12 euros, une augmentation importante prise sans concertation avec nous. Cette augmentation, il va falloir qu'on la répercute", déplore Eric Chenut, président de la Mutualité française.
"Ce ne sont pas des arbitrages comptables, court-termistes et technocratiques qui peuvent nous permettre de faire face aux besoins de financement que la protection sociale des Français nécessite", ajoute-t-il.
1 milliard d'euros d'économies
De quoi réaliser des économies, mais qui pourrait détricoter notre système redistributif, juge l'économiste spécialisé Frédéric Bizard: "Pour les complémentaires santé, plus vous gagnez de l'argent, moins vous contribuez par rapport à vos revenus parce que vous payez autant que ceux qui ont des revenus faible. Il n'y a pas de proportionnalité, ce qui est le cas dans l'Assurance maladie".
"Si on veut aller vers un modèle à l'américaine, c'est le bon chemin à suivre", prévient-il.
Il serait plus judicieux de couper dans d'autres postes de dépenses de santé, estime Frédéric Bizard tout comme les fédérations de mutuelles et de patients qui demandent à être consultées par le gouvernement.
Cette mesure permettrait de réaliser un peu plus d'1 milliard d'euros d'économie sur les 15 que veut faire l'Etat sur la sécurité sociale. De son côté, le déficit de la sécu devrait dépasser les 17 milliards d'euros cette année (contre 16,6 milliards attendus) et pourrait atteindre 25 milliards en 2025.