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"Nous n’avons plus de quoi manger ni payer nos loyers": les travailleuses du sexe appellent à l'aide

Anaïs de Lenclos, escort à Paris, porte-parole du STRASS (Syndicat du travail sexuel), était l'invitée de RMC ce mardi matin et demande au gouvernement de l'aide.

Une grande majorité des travailleurs et travailleuses du sexe s’est retrouvée sans revenu du jour au lendemain en raison de l’épidémie de coronavirus à travers le monde. Le confinement conduit à un arrêt quasi-total de leur activité.

Anaïs de Lenclos, escort à Paris, porte-parole du STRASS (Syndicat du travail sexuel), était l'invitée de RMC ce mardi matin et témoigne de cette situation précaire.

"Certaines sont obligées de recommencer à travailler alors qu’elles n’ont pas envie de briser le confinement"

"En période de confinement la quasi-totalité des travailleurs et travailleuses du sexe ont arrêté de travailler, pour leur propre santé et pour protéger le public. Le confinement nous empêche physiquement de travailler de toutes manières. Il n’était pas question de continuer à travailler, mais le problème est qu’il n’y a rien de prévu pour nous. Et nous nous retrouvons dans la situation où nous n’avons plus de quoi manger ni payer nos loyers. On va se retrouver bientôt à la rue.
Donc certaines sont obligées de recommencer à travailler alors qu’elles n’ont pas envie de briser le confinement. Certaines n’ont pas eu d’autre choix que de tenter de reprendre. Car quand on n’a rien à manger et qu’on dort dehors il faut bien trouver une solution."

"Je pense que le gouvernement a complètement failli"

Anaïs de Lenclos demande la création d'un fonds d'urgence au gouvernement dont elle estime qu'il a failli à protéger.

"Je pense que le gouvernement a complètement failli et n’a pas du tout pensé aux populations précaires qui se retrouvent à littéralement mourir de faim. J’ai des appels de collègues qui me disent qu’ils n’ont pas mangé depuis trois jours. Je ne peux pas leur dire de ne pas travailler s’ils peuvent avoir un client. Il y a demande, c’est plus rare mais il y en a. Et qui profitent de la situation pour négocier des tarifs, des pratiques...
Nous demandons la création d’un fonds d’urgence pour pallier à ce problème et que nous puissions respecter le confinement. Depuis la loi d’avril 2016 qui pénalise le client on se précarise. On n’a pas de matelas de secours comme on pouvait avoir avant, on vit au jour le jour. Beaucoup d’entre nous ne sont pas en micro-entreprise et beaucoup d’entre nous se retrouvent à l’abandon."
J.A.