"On fait la voix grave": est-il beaucoup trop simple pour les mineurs d'acheter de l'alcool en France?

C’est illégal et pourtant, acheter de l’alcool est un jeu d’enfant pour les mineurs. C'est ce que dévoile un rapport de Addictions France qui paraît ce jeudi matin. Les chiffres sont effrayants. 86% des commerces testés dans les métropoles de Nantes, Angers et Rennes en mai ont vendu de l'alcool à des jeunes de moins de 18 ans.
Quand il sort acheter de l'alcool, Mathéo, à seulement 15 ans, a déjà ses petites habitudes. “On fait des flashs. Par exemple, on prend de l’oasis et on mélange avec un peu de vodka”, s’amuse-t-il.
Et manifestement, lui et son ami Jules ne rencontrent aucune difficulté pour s'approvisionner. Ils ont leurs techniques pour paraître un peu plus âgés. “On fait la voix grave. On parle bien pour ne pas avoir la petite voix des jeunes. Mais ils ne nous disent rien, tant qu’ils ont l’argent, c’est bon”, assure-t-il.
Un constat que partage Ethan. En classe de première, il boit toutes les semaines depuis ses 15 ans. Et son âge n’a jamais été vérifié. “En général, ils s’en fichent. Que ce soit dans des magasins comme Franprix, Monoprix, sinon on va dans des épiceries”, pointe-t-il.
Davantage de contrôles nécessaire?
Des pratiques qui doivent changer selon Myriam Savy, directrice du plaidoyer à Addictions France. Elle appelle à contrôler davantage les magasins.
"Il faut absolument qu’on ait des contrôles qui soient systématisés. Et il faut que ces contrôles soient aléatoires pour que les magasins se disent qu’ils peuvent être sanctionnés”, assure-t-elle.
Invité sur RMC ce jeudi matin, Dominique Schelcher, PDG de Système U, s'est dit scandalisé par les chiffres de l'étude menée dans des villes où se trouvent certains de ses magasins.
"Ce n’est pas acceptable que les pièces d’identité n’aient pas été demandées. Il n’y a aucune excuse. En repartant de ce studio, je vais passer des coups de fils à mes magasins pour renforcer la vigilance. Le contrôle doit se faire en caisse. Donc nos hôtes et nos hôtesses de caisse doivent être irréprochables à ce niveau-là. On n’a pas le droit à l’erreur, c’est la protection des mineurs", appuie-t-il.
Aujourd'hui, un commerce qui vend de l’alcool à un mineur risque au maximum 7500 euros d’amende.