"On m’a prise pour une machine qu’il fallait réparer": l'annonce du cancer, le pire moment du parcours de soins pour 33% des malades
Alors que le moment de l'annonce est déterminant sur l'état d'esprit du malade pour la suite de son parcours de soins, ces patients disent ne pas se sentir entendus par les médecins qui leur annoncent leur cancer et trouvent qu'ils ne prennent pas assez le temps de leur expliquer la maladie.
C'est notamment ce qu’a ressenti Francine. L'année dernière, lorsqu’elle arrive chez son gynécologue, elle est déjà inquiète. Mais face au discours du médecin, elle tombe des nues: "Il m’a annoncé que j’avais un cancer du sein. Au revoir Madame, 75 euros. Je suis restée à peine 5 ou 6 minutes. On n’a même pas le temps de dire ‘ouf’. Je m’attendais à un peu plus d’empathie, on m’a prise pour une machine qu’il fallait réparer".
"Le médecin lui-même n’est pas très à l’aise avec la communication du diagnostic"
L'expérience est si brutale qu'elle hésite à renoncer aux soins: "J’aurais très bien pu ne pas me présenter à la chirurgie, je me suis posée la question. C’est mon mari qui m’a rappelé que j’avais rendez-vous et qu’il allait m’accompagner. Seule, je n’y serai pas allée".
Un manque de tact de la part des médecins qu'elle ne s'explique pas... Pour le professeur Albert Hirsch, de la Ligue contre le cancer, cela va plus loin qu'une simple question de temps: "Il y a d’autres raisons qui sont beaucoup plus profondes. D’une part, l’absence de formation spécifique et d’autre part, le fait que le médecin lui-même n’est pas très à l’aise avec la communication du diagnostic".
Il existe pourtant un dispositif d'annonce du cancer depuis plus de 10 ans. Il y a eu 382.000 nouveaux cas de cancer l'année dernière selon Santé publique France.