"On se retrouve avec des stocks sur les bras": l’incompréhension des entreprises textiles, face aux annulations de commandes de masques

Après la pénurie des masques... des masques en surproduction? C'est la crainte des professionnels du secteur deux mois seulement après l'appel de l'Etat aux entreprises du textile à produire des masques en grande quantité.
"Je pense que c’est injuste"
C'est le cas de l'entreprise Boldoduc à Lyon, en Auvergne Rhône-Alpes. Pour produire des masques lavables cette entreprise a créé un atelier éphémère. Alors forcément, ces annulations inquiètent salariés et direction.
Depuis un mois, 10.000 masques sont produits quotidiennement dans cet atelier mais en seulement quelques jours, plus aucune commande de la part des pouvoirs publics. Eliane, l'une des 100 salariés, ne comprend pas: "Je pense que c’est injuste et puis c’est mal calculé".
"Quand on voit que ces commandes partent en Asie, on marche sur la tête"
Bertrand Demailly, directeur des opérations, est amer: "Quand on entend le discours d’il y a quelques semaines, quelques mois, durant le confinement, il fallait aider l’industrie, aider ceux qui nous aidaient et aujourd’hui, voir que ces commandes partent en Asie, on marche sur la tête".
Pour éviter les stocks d'invendus, l'entreprise a adapté sa production: elle confectionne désormais des masques plus personnalisés. Les fournisseurs, en revanche, se retrouvent coincés avec les matières premières: "Evidemment, les tisseurs, les fabricants de fils, se retrouvent aussi avec des stocks sur les bras", détaille Bertrand Demailly.
Le bruit incessant des machines à coudre s’arrêtera définitivement fin juillet. D'ici là, environ 40.000 masques devraient encore être cousus, dans l'espoir de trouver acheteur.