Opérations ratées après des hémorroïdes: "J'ai perdu ma dignité", des victimes témoignent

C'est une opération bénigne qui leur a laissé de graves séquelles. À Besançon, au moins 37 patients ont porté plainte à la suite d'une opération des hémorroïdes.
L'urologue et diplômé de proctologie a été mis en examen et encourt une peine d'un an d'emprisonnement. Depuis l'intervention chirurgicale, la vie de ces patients s'est transformée en cauchemar. Pris de fuites ou de constipations extrêmes, la plupart d'entre eux ont perdu leur travail et leur vie sociale. Certains sont même tombés dans une dépression ou dans l'alcoolisme.
D'après les avocats des victimes, une centaine de patients pourraient au moins être concernés. Les faits se sont produits dans une clinique privée de Besançon. Point de départ d'une décente aux enfers pour les victimes. Fabienne est opérée à 46 ans pour des hémorroïdes. Une opération très simple d’après le chirurgien. Sauf qu’à sa sortie du bloc, son calvaire commence.
“J’ai perdu ma dignité, le respect de moi-même. Pour moi, je ne me sens plus une femme. Je n’ai plus de vie, il m’a tout pris. Je ne sors pas sans mes affaires, mes couches, un pantalon. Un ami m’a conduit en voiture la semaine dernière, je me suis fait dessus. J’avais terriblement honte”, confie-t-elle anéantie.
Le préjudice pas reconnu par l'ordre des médecins
Par hasard, elle découvre d’autres personnes dans son cas. Johan, opéré trois fois par ce même praticien, vit ce calvaire lui aussi. D’après les experts mandatés, il a même subi des actes chirurgicaux qu’il avait refusé. “C’est quelqu’un qui a un bon bagou. Si je n'avais pas été en confiance, je ne me serais pas fait opérer trois fois. Ce qu’on aimerait, c’est qu’il n’opère plus du tout”, appuie-t-il.
Comme d'autres, il a porté plainte auprès du conseil de l’ordre des médecins. Malgré les rapports d’experts accablants, l’ordre refuse de reconnaître le préjudice. Selon plusieurs victimes contactées, le médecin est également auteur de gestes et paroles déplacés. La directrice de la clinique, Maire-Hélène Bevalot, affirme avoir tout appris par la presse.
“Il est seul responsable des actes opératoires. Donc les échanges entre les patients et les praticiens, l’établissement n’y a pas accès”, affirme-t-elle.
Contacté, l’avocat du médecin n’a pas répondu.