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Santé

Papillomavirus: pourquoi la vaccination des élèves de 5e a viré à l’échec

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Seuls 10% des élèves de 5e ont reçu la première dose du vaccin contre le papillomavirus, après la campagne lancée par le gouvernement.

A la rentrée, en septembre dernier, le gouvernement a lancé une campagne de vaccination gratuite, mais non obligatoire, pour tous les élèves de 5e contre le papillomavirus, ce virus responsable de plus de 6.000 cancers (de l'utérus, du pénis, de la vulve, etc.) chaque année. Mais quatre mois après, seulement 10% d'entre eux ont reçu la première dose. Un échec qui laisse confus les scientifiques, comme les personnels de l'Education nationale.

Que ce soit les spécialistes du papillomavirus ou les infirmières de l'Education nationale, tous s'accordent à dire une chose: la campagne n'a pas suffisamment été préparée, ni annoncée, au cours de l'été. Selon eux, l'étape de sensibilisation a été bâclée.

D'ailleurs, la Société française de colposcopie et de pathologie cervico-vaginale (SFCPCV) avait proposé des interventions dans les collèges, mais cette proposition a été rejetée par le ministère de la Santé. Les infirmières scolaires, 1 pour 5.000 élèves, ne sont pas assez nombreuses non plus pour sensibiliser.

Les indiscrets : Les élèves de cinquième peuvent se faire vacciner gratuitement contre le papillomavirus - 12/01
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Les garçons beaucoup moins vaccinés

Conséquence, les familles, trop peu informées, ont été très frileuses et les candidats à la vaccination peu nombreux. Problème aussi: la lourdeur administrative de la démarche. Les deux parents devant donner leur accord écrit, cela a posé des difficultés pour les couples séparés. Et au final, ce sont seulement un tiers des enfants ciblés qui ont reçu la première dose de ce vaccin, avec 7.500 enfants vaccinés par exemple dans la région Grand Est sur 65.000 enfants de la classe d'âge. Ceux vaccinés recevront la deuxième dose à partir de mai, mais pour les autres, c'est trop tard pour cette année.

Autre point: alors que le vaccin concerne tout le monde, les jeunes garçons sont beaucoup moins vaccinés, seulement 10% des 11-14 ans contre 40% des filles. Et c'est aussi le fait des politiques publiques puisque jusqu'en 2021, ce vaccin était préconisé uniquement pour les filles. Aujourd'hui, il est démontré qu'il est tout aussi important pour les jeunes garçons. La vaccination va continuer l'an prochain, mais les infirmières scolaires, notamment, exigent beaucoup plus de moyens.

Mahauld Becker-Granier