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Paracétamol et autisme: ce que Donald Trump raconte… et ce que dit la science

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Donald Trump a affirmé que l’absence de paracétamol à Cuba expliquerait le faible nombre d’autistes sur l’île. Une déclaration sans fondement scientifique, qui reprend tous les codes d’une fake news médicale. Décryptage.

Donald Trump a encore frappé. L’ancien président américain a déclaré: "Selon une rumeur – et j’ignore si c’est le cas – ils n’ont pas de paracétamol à Cuba car ils n’ont pas les moyens d’en acheter. Eh bien, ils n’ont quasiment pas d’autisme." Une petite phrase qui illustre à la perfection la recette d’une fake news médicale.

Trois ingrédients d’une intox

  • Une explication séduisante: ce qui est rare et cher doit être précieux.
  • Un ressort émotionnel: les gens aiment les histoires inquiétantes.
  • Un vernis pseudo-scientifique: des "études" vaguement citées, mais jamais sourcées.

Que dit vraiment la science?

Non, il ne suffit pas de supprimer le paracétamol pour "faire disparaître" l’autisme. En revanche, la question de l’usage du médicament pendant la grossesse a bien fait l’objet de travaux scientifiques.

La plus récente: une méta-analyse menée par le Mount Sinai. Elle compile 46 études et retrouve une légère augmentation du risque d’autisme (5 à 8 %) chez les enfants de mères ayant pris du paracétamol pendant la grossesse. Concrètement, cela représente environ 9 cas supplémentaires pour 10.000 enfants. Les chercheurs avancent une hypothèse: le paracétamol traverse la barrière placentaire et pourrait provoquer un stress cellulaire chez le fœtus.

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Une fausse corrélation?

Mais attention: ces résultats ne signifient pas que le paracétamol provoque directement l’autisme. "C’est probablement lié au terrain", expliquent les spécialistes. Les femmes enceintes qui en consomment régulièrement souffrent souvent de migraines, de pathologies inflammatoires ou d’infections, autant de facteurs qui, eux, peuvent influencer le développement du fœtus.

Faut-il s’inquiéter?

Non. Pas d’alerte particulière pour les troubles neurodéveloppementaux. Le paracétamol reste l’un des rares antidouleurs autorisés pendant la grossesse. En cas de doute, le réflexe reste le même: consulter le CRAT (Centre de Référence sur les Agents Tératogènes), qui centralise toutes les données sur les médicaments et la grossesse.

Aurel Guedj