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Pesticides: l'Anses saisie sur les risques encourus par les fleuristes, "ça aurait dû être fait bien avant”

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L'Anses va mener une mission "sur les risques de l'exposition aux pesticides" des travailleurs de la filière des fleurs et de leurs enfants, pour faire éventuellement évoluer la réglementation, après le décès d'une fillette d'une leucémie liée à l'exposition de sa mère, fleuriste, pendant sa grossesse.

L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) va mener une mission “sur les risques de l'exposition aux pesticides” des fleuristes. Les autorités se saisissent de cette question après une saisine de l'association “Robin des bois”, reprise par deux ministères.

Début décembre, la cour d'appel de Rennes a débouté les parents d'une fillette morte d'une leucémie liée à l'exposition aux pesticides de sa mère, alors fleuriste, pendant sa grossesse, qui réclamaient une indemnisation pour le préjudice subi par leur fille.

Laure Marivain avait été exposée dès ses 20 ans à de nombreux herbicides dans sa profession de fleuriste et grossiste en fleurs, en nettoyant des taches bleues et jaunes sur les plantes recouvertes de pesticides importées de l'étranger, qu'elle réceptionnait en grande quantité. Sa fille Emmy est décédée d'une leucémie en mars 2022 à 11 ans et demi.

Début avril 2022, ses parents avaient saisi le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). Ce fonds est chargé notamment d'indemniser "les enfants exposés aux pesticides pendant la période prénatale" à cause du métier de leurs parents et ayant développé une pathologie.

Ils avaient obtenu en juillet 2023 la reconnaissance par le FIVP du lien entre l'exposition aux pesticides et la leucémie, et la proposition d'une indemnisation de 25.000 euros à chacun au titre du préjudice moral, conformément au barème légal.

"Ça va servir à protéger toutes les personnes qui travaillent dans la fleur"

Ce qui a déclenché cette étude, c’est donc la mort d’Emmy Marivain à 11 ans d’une leucémie. Sa mère, Laure, salue cette initiative: “C’est deja encourageant. Ça va servir à protéger toutes les personnes qui travaillent dans la fleur, dans la production, chez un grossiste, etc. Mais c’est quelque chose qui, pour moi, aurait dû être fait bien avant”, explique-t-elle à BFMTV.

Cette étude va durer deux ans. L'Anses va notamment mener des tests sanguins et urinaires sur des professionnels. Car les risques de contamination sont multiples, assure Jacky Bonnemains. C'est son association Robin des Bois qui a saisi l'Anses.

“Le personnel fait des bouquets, respire les poussières de résidus chimiques. Il y a aussi une voie de transfert avec les mains et par ingestion”, explique-t-il.

L'Anses, au terme de son étude, fera des recommandations pour mieux protéger les travailleurs. Valhor, l'Interprofession de la filière, "se félicite" auprès de RMC de cette enquête et précise qu'elle y contribuera.

Solène Leroux