Pourquoi les "puffs" vont bientôt être interdites en France

Les "puffs", ces cigarettes électroniques jetables, seront bientôt interdites en France. La Première ministre Elisabeth Borne l’a annoncé ce dimanche. Puff, ça veut dire “bouffée” en anglais et derrière ce nom, se cache un produit qui visent les adolescents.
Les puffs sont "cools". Ce sont de petites cigarettes électroniques de couleurs vives. Elles sont faciles à utiliser, prêtes à l’emploi, avec une petite batterie intégrée, pas plus grande qu’une vraie cigarette. Elles ont des parfums qui plaisent aux plus jeunes, proches de ceux des confiseries, barbe à papa, fraise tagada, marshmallow, vanille ou chocolat-noisette…
Et le marketing ne se cache pas de cibler les plus jeunes, avec par exemple beaucoup de publicités sur TikTok et Snapchat, les plus jeunes des réseaux sociaux…
Et ça marche, parce que ce n’est pas cher, environ 9 euros, pour une cigarette que l’on va garder aussi longtemps que deux ou trois paquets de cigarettes. Elles sont faciles à trouver, dans les bureaux de tabac mais aussi en supermarché, et sur internet. Théoriquement, la vente aux mineurs est interdite mais le magazine “Que choisir” a fait le test en envoyant des adolescents de 12 à 14 ans acheter des puffs dans des points de ventes à Paris. Et une fois sur deux, ces grands enfants ont pu acheter des puffs sans problème. Une autre étude du comité national contre le tabagisme affirme que deux tiers des buralistes français acceptent de vendre du tabac aux mineurs.
Résultat: la consommation de puffs à la sortie des écoles a triplé en quelques années. 13% des adolescents disent avoir déjà utilisé ces cigarettes jetables.
Une porte d’entrée vers le tabagisme
Les professionnels de la santé dénoncent un vrai danger pour les plus jeunes. L'académie de médecine parle d’un piège particulièrement sournois pour les enfants et les adolescents. Les puffs contiennent des sels de nicotine, qui peuvent entraîner des inflammations des voies respiratoires. Le taux de nicotine autorisé de 20 milligrammes par millilitre est suffisamment élevé pour pouvoir créer une forte dépendance. Si le vapotage pour les adultes peut être une façon de sortir du tabac, les puffs pour les ados sont au contraire une porte d’entrée vers le tabagisme. "Tout cela est sournois" affirme donc l'académie de médecine.
Les cigarettes électroniques jetables existent depuis longtemps, mais les puffs, c’est-à-dire celles destinées aux plus jeunes, ont été inventées par deux copains californiens de 27 ans qui ont créé la marque "Puff bar” et qui ont fait fortune.
Leurs cigarettes ont été interdites un moment par les autorités sanitaires américaines, parce qu'elles contenaient du tabac et qu’elles visaient les ados. Mais ils ont contourné la réglementation en remplaçant le tabac par de la nicotine de synthèse, et le business a pu reprendre.
Les puffs sont donc arrivées en France en 2019, en provenance des Etats-Unis, mais aujourd’hui, ce sont les Chinois qui sont devenus les leaders et qui inondent le marché, même s’il y a aussi des fabricants français. Parce que la France est un marché important, le troisième du monde pour les cigarettes électroniques en général. Pour les puffs, on n’a pas les chiffres.
L'interdiction des puffs était demandée depuis un certain temps. Une vingtaine de spécialistes de santé publique avaient publié une tribune en avril dernier pour demander l’interdiction “d’urgence” de ces cigarettes jetables. Au nom de la santé et au nom de l'environnement, parce des millions de puffs en plastique avec leurs batteries au lithium terminent dans la nature…
Les députés du groupe écologiste avaient déposé une proposition de loi il y a un an, mais l’examen de ce texte n’avait pas été programmé pour le moment. Dimanche, Elisabeth Borne, elle-même grosse vapoteuse, a décidé d'accélérer le processus. Ces petits jouets nuisibles vont bientôt disparaître.