Pourquoi n'y a-t-il pas plus d'hommes qui prennent des contraceptifs masculins ?

Où en est la contraception masculine ? Encore marginale, elle a son lot d'adeptes. Comme Daniel, 55 ans, militant à l'association Ardecom, association qui vise à sensibiliser les hommes aux contraceptifs masculins. Lui prend un traitement hormonal qui le satisfait pleinement. Il témoigne pour RMC.fr à l'occasion de la journée de la contraception.

Daniel, habite en Lozère. Il a 55 ans et milite à l'association Ardecom.

"J'ai pris mes premiers contraceptifs masculins il y a très longtemps, c'était il y a 30 ans. Aà l'époque, j'utilisais la méthode hormonale. Pendant cinq ans, j'ai pris un comprimé le matin, puis un comprimé le soir. Et ensuite, un gel de testostérone que je me passais sur la poitrine une fois par jour. J'ai longtemps arrêté pour pouvoir avoir un enfant. J'en ai fait un. Il a trente ans maintenant.

"De la testostérone injectable"

Depuis trois ans, je me suis replongé dans le militantisme avec l'association Ardecom, ce qui m'a repoussé vers la contraception. J'ai donc repris la méthode hormonale. Sauf que maintenant, c'est de l'Enanthate de testostérone par injection hebdomadaire. On appelle ça Androtardyl.

Plutôt que de me demander pourquoi moi je prends un contraceptif, j'aimerais comprendre à l'inverse pourquoi il n'y a pas plus d'hommes qui en prennent. Moi, ça me paraît une évidence. J'ai envie d'avoir des relations sexuelles. Je vois pas pourquoi tout devrait reposer sur les femmes.

Ce choix est le mien. Quand j'ai mal à la tête, je prends un comprimé d'aspirine, et quand j'ai pas envie d'avoir un gamin je prends un contraceptif.

"On peut en contrôler l'efficacité"

Ces contraceptifs existent dans le commerce pharmaceutique, c'est efficace. L'avantage de la contraception masculine c'est qu'on peut en contrôler l'efficacité avec un spermogramme (un test de fertilité). Quand j'ai démarré, j'en ai réalisé un au bout d'un mois et demi, un autre encore un mois et demi après, et puis tous les 3 mois après cela. Cela permet de voir notre taux de spermatozoïdes. Le problème de la contraception féminine c'est qu'il n'y a que quand une femme tombe enceinte qu'on réalise l'inefficacité. 

Quand j'en parle aux femmes autour de moi, elle me disent: 'Ah, c'est vachement bien!'. Et puis les mecs regardent ça avec un petit sourire. Tout dépend dans quel milieu je me trouve.

Rien ne m'y a poussé en particulier. Je l'ai découverte avec des articles dans la presse. Je me suis intéressé à un groupe d'hommes qui se contraceptaient (sic). Il y a maintenant des consultations, comme à l'hôpital Cochin, avec Jean-Claude Soufir, l'un des rares à prendre des patients sur le sujet. 

"Il existe autre chose que la vasectomie"

A la différence de beaucoup d'autres hommes, je sais que la contraception masculine existe. Qu'il existe autre chose que la vasectomie. Il y a un gros problème d'information et les médecins découragent les hommes. J'ai un pote qui a accompagné sa femme chez le gynécologue à l'hôpital. Il lui a posé la question de la contraception masculine et il lui a dit de ne surtout pas faire ça, que ça tuait la libido."

Certains disent, comme j'ai pu l'entendre sur RMC cet après-midi, que le retour à la normale à la normale après une vasectomie prenait six mois, au motif que la spermatogenèse dure 7 mois. En fait, en théorie, cela dure de deux mois et de mi à trois mois. Dans les fait, dès un mois on est revenu à un taux normal."

Propos recueillis par Paul Conge