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Près de 400 patients testaient des "patchs" contre Parkinson et Alzheimer: l'étrange "essai clinique" qui fait polémique

Des molécules aux effets inconnus, testées sur au moins 350 malades de Parkinson ou Alzheimer, dans une abbaye et hors de tout cadre légal: un "essai clinique sauvage" d'une ampleur rare a été interdit jeudi par l'Agence du médicament (ANSM).

C'est un fait rare: l'ANSM, l'agence du médicament, a annoncé suspendre un essai clinique jugé sauvage et illégal. 

Dans l’abbaye de Sainte-Croix, près de Poitiers, dans la Vienne, où vivent 9 religieuses, quelque 400 malades d'Alzeimer ou de Parkinson, qui s’étaient portés volontaires, venaient passer la nuit. Ils testaient des patchs, qui contiennent deux molécules, proches de la mélatonine, l'hormone du sommeil...

Ils passaient ainsi la nuit dans une des quinze chambres et subissaient une prise de sang. Des flacons envoyés dans un laboratoire. Et c’est au cours d’un contrôle récemment que les autorités sanitaires ont découvert l’existence de ces tests en dehors de tout cadre légal, aux confins du charlatanisme, passibles d’un an de prison.

Une sœur bénédictine explique que les malades venaient depuis un an environ.

Deux molécules qui, ensemble ont pour objectif d'"améliorer le sommeil et les capacités cognitives" des malades, mais aussi de lutter contre la dépression, selon le site de la structure, définie comme une "fondation spirituelle à but non lucratif".

Mais l'agence du médicament prévient "la qualité, les effets et la tolérance de ces substances ne sont pas connus, un risque pour les patients ne peut être exclu.." Elle leur demande, de consulter leur médecin traitant. de ne pas utiliser ces patchs, et de les conserver en cas d'analyses futures.

"Un essai clinique n'est pas anodin" dénonce Florence Delamoye, directrice de France Parkinson. "Cela met en jeu des traitements particuliers. Celui-ci vise particulièrement la maladie de Parkinson, qui est une pathologie importante"

Le Professeur Joyeux, vice-président de la fondation qui a mis en place ces tests, assure que "ça n'a rien à voir avec un essai clinique":

"C'est l'application d'une découverte avec es gens parfaitement au courant de tout cela et qui prenaient la responsabilité d'accepter une prise de sang et de la payer. Il ne peut pas y avoir de risque car il s'agit d'un produit totalement naturel" plaide-t-il. 

Henri Joyeux, 74 ans, est pourtant contesté dans le milieu médical, notamment pour ses prises de position anti-vaccins. Il est d'ailleurs en instance de jugement devant l'Ordre des médecins qui doit statuer sur sa radiation.

Jeudi, la ministre de la Santé Agnès Buzyn s'est dite "effondrée, horrifiée" et a promis "des sanctions et des poursuites", dénonçant "une faute lourde".

Anne-Sophie Balbir, Gwladys Lafffite avec Xavier Allain