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Qui doit payer les arrêts maladie de courte durée? Ca fait débat sur RMC

Le gouvernement pourrait décider de faire payer aux entreprises les arrêts maladie de courte durée. Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, l'a confirmé: la mesure est sur la table. Et elle fait déjà débat.

Les négociations vont bon train pour savoir qui va prendre en charge les arrêts maladie. Le gouvernement planche en ce moment sur les économies à réaliser dans le cadre du budget 2019. Et dans le collimateur: les coûts liés aux arrêts maladies s'envolent. +13% en 4 ans, à cause notamment du relèvement de l'âge du départ à la retraite. 

Les indemnités liées aux arrêts maladie pèsent aujourd'hui 10 milliards d'euros, chaque année, dans le budget de la Sécu. La ministre de la Santé Agnès Buzyn souhaite ainsi responsabiliser les entreprises via une mesure concernant les arrêts de travail de courte durée, de moins de 8 jours. Dans les faits, aujourd'hui, pour un salarié en arrêt maladie, il y a 3 jours de carence, puis la Sécu prend en charge 50% du salaire. L'idée serait que l'entreprise le fasse à sa place jusqu'au 7ème jour inclus. 

"Le bien-être des employés est l'une des préoccupations que doit avoir le chef d'entreprise"

Selon Bruno Bonnell, député La République en Marche, ce sont les entreprises qui sont comptables du bien-être de leurs salariés.

"Au XXIème siècle, une entreprise va au-delà d'une machine à faire du profit. Le bien-être des employés, leur santé est l'une des préoccupations que doit avoir le chef d'entreprise. Il faut aussi faire prendre conscience qu'il y a une grande partie de ces arrêts maladie qui sont dû à la fatigue, à de la tension, de la pression et qu'on peut probablement prévenir ce type d'arrêt".

"Vous avez été trop malade, donc pas d'augmentation"

"Ce n'est pas à l'entreprise d'être responsable de la santé de ces employés" lui répond Grégory Besson-Moreau, un autre député du groupe majoritaire, sur RMC.

"Ca risquerait d'instaurer un climat de suspicion qu'il pourrait y avoir entre employés et employeur. J'aurai peur, moi, que mon employeur me dise 'Vous avez été arrêté pour une grippe et une gastro cette année, vous avez pris un peu trop de jours, donc les augmentations, ce sera 0%'. Je ne souhaite pas arriver à cette situation" explique-t-il sur RMC.

Cette mesure ajouterait 900 millions d'euros de charge par an aux entreprises. Les patrons sont vent-debout, ils ont même écrit à Edouard Philippe fin juillet pour protester. Invité de RMC, Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire général de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a ainsi jugé qu'il serait "totalement anormal de faire payer deux fois les entreprises".

Avant de souligner que "L'employeur ne connaît même pas les causes de l'arrêt, et il devrait payer? [...] On va faire en sorte que les arbitrages abandonnent ce projet qui est un prélèvement supplémentaire" 

Les syndicats de salariés aussi contestent les intentions du gouvernement: la CFE-CGC craint ainsi que les salariés soient davantage "fliqués"... Selon la CFTD, cette mesure pourrait stigmatiser les salariés les plus fragiles et risquerait d'être contre-productive en matière de prévention.

Victor Joanin et X.A