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Salaire des médecins intérimaires plafonné: "Ce sont les médecins à l’hôpital qui sont mal payés"

À partir de lundi, les rémunérations des médecins intérimaires seront plafonnées à 1.390 euros brut pour une garde (24h). Un plafonnement qui pourrait avoir comme conséquence des fermetures de services.

Le gouvernement veut réguler l'intérim médical. Dès lundi, les salaires des médecins intérimaires dans les hôpitaux seront plafonnés. Pas plus de 1.390 euros brut pour une garde (24h).

C'est l'application de la loi Rist, initiée par Marisol Touraine, mais le plafond n'est dans les faits pas appliqué aujourd'hui. Le ministère de la Santé veut donc lutter contre ceux qu'il qualifie de "mercenaires" et qui font monter les enchères.

Pour le Dr Ghada Tellawi, médecin anesthésiste-réanimatrice, qui travaille au CHU de Tours, ce plafonnement pourrait avoir un impact important. Cette Franco-syrienne de 53 ans réalise également plusieurs missions d'intérim par mois. Mais le plafonnement des rémunérations pourrait la freiner dans cette démarche.

“J'ai commencé à faire des remplacements par-ci par-là", indique-t-elle. C'était il y a trois ans. Elle quitte alors son temps plein pour un 50%.

“J’ai fait ce choix pour des raisons personnelles, j'ai préféré préserver ma santé physique et mentale, car les conditions étaient trop dures”, explique-t-elle.

Elle compense sa perte de salaire, 3.000 et 4.000 euros par mois, grâce à ces missions d'intérim utiles pour le bon fonctionnement de l'hôpital. “Ça permet de laisser les collègues prendre leurs vacances, leurs jours de congés, leur formation”, appuie-t-elle.

Des risques de fermetures dans les services?

Si elle reconnaît certains abus à la marge, elle ne tolère pas la manière dont le ministre de la Santé, François Braun, stigmatise les intérimaires.

“Ce sont les mêmes soignants qu’on applaudissait il y a quelques mois et maintenant, on les traite de mercenaires, de cannibales. Les médecins à l’hôpital, ce sont eux qui sont mal payés, pas les intérimaires qui le sont trop”, indique-t-elle.

Depuis quelques jours, elle croule sous les offres de remplacement. “Je viens de recevoir un appel pour le mois prochain parce qu’il y a toujours des trous sur les listes de garde”, appuie-t-elle.

Autant de gardes pour l'instant déclinées par des médecins qui refusent de se soumettre au plafond et qui risquent d'entraîner des fermetures de services.

Caroline Philippe avec Guillaume Descours