"Si le personnel avait dit non, on ne l'aurait pas fait": dans un Ephad en Charente, salariés et pensionnaires confinés ensemble
Un lien très étroit entre salariés et pensionnaires. 59 résidents d’un Ephad en Charente sont confinés depuis ce mardi avec 18 membres du personnel.
Une décision, pour notamment éviter les allers-retours des intérimaires et donc, protéger le plus possible les personnes âgées au sein de l’établissement.
"On y a pensé il y a 15 jours quand on a eu l’obligation de verrouiller les Ephad et d’interdire les visites des familles. 10 ou 12 jours après on n’avait pas de symptômes mais pourtant, on continuait à travailler avec des intérimaires qui tournaient dans tous les Ephad du département qui commençait à connaître des cas de coronavirus. La première décision qui a été prise lundi matin, c’est d’arrêter les intérimaires et dans un deuxième temps, on a décidé de confiner le personnel avec les résidents", explique Pascal Ramirez, directeur de l'Ehpad Bergeron-Grenier à Mansle.
"Ceux qui ont dit non sont à l’extérieur pour s’occuper du ravitaillement"
Un confinement sur la base du volontariat, pour éviter la contamination de ces personnes à risque: "Le personnel aurait dit non, on ne l’aurait pas fait. Mais suffisamment de personnes ont dit oui pour pouvoir tenir le temps nécessaire. Ceux qui ont dit non sont à l’extérieur pour s’occuper du ravitaillement qu’ils déposent devant la porte".
Les hommes dorment dans la salle de réunion et les femmes dans la chapelle. Tous les salariés sont allés récupérer des matelas à la mairie. Quant aux résidents, ils semblent avoir plutôt bien accueillis cette nouvelle organisation même s’ils savent qu’elle est dû à une situation particulière.
"D’un côté, ils sont rassurés puisqu’ils n’ont jamais eu autant de personnel en même temps dans la maison de retraite. Mais d’un autre côté, ils comprennent que si on prend une telle décision c’est que dehors ça se passe très mal. Les résidents n’ont pas peur pour eux, ils se disent que leur vie est déjà faite. Par contre, ils ont peur pour toutes les personnes qui sont à l’extérieur".
"Quand on est en guerre, on ne demande pas aux soldats de faire une pause thé"
Un lieu de travail devenu lieu de vie, qui va donc à l’encontre du droit du travail. Mais Pascal Ramirez ne craint pas les représailles de l’inspection du travail: "On s’assoit sur le droit du travail mais j’ai cru comprendre qu’on était en guerre contre le virus et quand on est en guerre, je ne pense pas qu’on demande aux soldats de faire une pause thé à 5 heures".
Ce directeur de l’Ephad ne veut pas penser à l’éventualité où l’un des salariés serait atteint du Covid sans pour autant développer de symptôme: "On fait le pari que personne n’ai le coronavirus. On a réussi à ne pas avoir de symptôme pendant 15 jours. Si quelqu’un l’avait, il l’aurait transmis d’une manière ou d’une autre".