Tests d'un million d'élèves: les infirmières scolaires craignent des effets sur la santé mentale des enfants

Branle-bas de combat dans les établissements scolaires. Le gouvernement a annoncé jeudi de sa volonté de maintenir les écoles, collèges et lycées ouverts. Et pour y parvenir, Jean Castex a annoncé la mise en place d'une campagne massive de test dans les cités scolaires. Pour se faire, le Premier ministre a assuré, qu'un million d'élèves de plus de 6 ans et d'enseignants seraient testés par mois et des équipes de dépistage déployées.
Un plan peut-être trop ambitieux jugent les infirmières scolaires, qui pourrait les détourner de leurs missions habituelles: "On est d'accord et l'OMS indique bien qu'il faut tester mais nous ne sommes que 7700 infirmières de l'éducation nationale pour 72.000 établissements pour 12 millions de personnel et un million d'élèves. Ça va donc être un peu compliqué", estime sur RMC Samia Bounouri, infirmière scolaire, à Noisy-le-Grand et membre du syndicat Snics-Fsu, le syndicat des infirmières scolaires.
"Il y a des enfants de 8 ans qui pensent au suicide"
Autre problème, les infirmières craignent de ne pas pouvoir assurer dans le même temps leurs autres fonctions, au détriment de la santé mentale des élèves, déjà très affectée par le premier confinement et les autres restrictions sanitaires:
"Pendant que nous serons en train de dépister massivement, nous ne serons pas aux côtés de nos élèves qui vivent des situations très compliquées. L'isolement et la précarité conduisent à des idées noires. J'exerce dans différents groupes scolaires et il y a même des enfants de 8 ans qui pensent au suicide. Il y a des ados qui se scarifient, d'autres qui passent à l'acte en ingérant de la soude", assure-t-elle.
"C'est exacerbé par le confinement. Ils ont pu subir des violences alors qu'ils étaient livrés à eux-mêmes sans pouvoir se confier aux infirmières scolaires", ajoute Samia Bounouri.
Les activités scolaires et extra-scolaires en intérieur suspendues
Visiblement conscient du problème, Emmanuel Macron a annoncé jeudi l’organisation d'Assises de la psychiatrie, ainsi qu’un renforcement de la médecine scolaire. Le chef de l’Etat est favorable au remboursement des soins de psychologie pour les rendre accessibles au plus grand nombre…Il a également approuvé le lancement, au printemps, d’une enquête sur la santé mentale des jeunes et des enfants. Car les chiffres sont alarmants : les hospitalisations pour troubles de l’humeur, troubles alimentaires ou anxiété ont quasiment doublé par rapport à 2019.
Mais la situation ne risque pas de s'arranger aussi vite. Jean Castex a annoncé jeudi la suspension des activités scolaires et extra-scolaires en intérieur "jusqu'à nouvel ordre". Une situation qui ne va pas aider les élèves:
"C'est vraiment une rupture dans leur possibilité de se recréer en dehors de l'école. C'est un endroit tiers où ils peuvent se vider, se changer l'esprit, rencontrer leurs amis (...) Les jeunes s'inquiètent pour [la situation professionnelle de leurs parents", explique Samia Bounouri.