"Tu as fait peur au président": les confessions d’Agnès Buzyn sur le début de la crise du Covid

Agnès Buzyn, l'ancienne ministre de la Santé, publie son journal intime de janvier à juin 2020, c'est-à-dire les six premiers mois de la crise du Covid. Et le sous-titre de ce livre de 500 pages, c’est: "Agnès, tu as fait peur au président". Une scène qu’elle raconte. Elle a réussi à faire sortir Emmanuel Macron d’une salle de cinéma et elle lui parle pendant 40 minutes, assis sur des marches. Elle lui annonce la gravité de ce qui arrive, la nécessité de confiner le pays. Et un peu plus tard, le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler, lui a fait ce reproche, "Agnès, tu as fait peur au président".
C’est révélateur de ce qu'Agnès Buzyn veut montrer en publiant ce livre. C’est qu’elle a été, selon elle, une des premières à prendre la mesure de l’épidémie. C’est ce qu’elle démontre en publiant ses échanges de textos avec le président et son Premier ministre Edouard Philippe.
Au passage, elle égratigne à peu près tous les autres protagonistes. Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, est présenté comme un mondain, surtout très médiatique, qui connait le Sida mais pas le Covid. Le professeur Raoult est appelé "le dingue de Marseille".
La pire erreur de sa vie
Agnès Buzyn explique aussi pourquoi elle a démissionné du ministère de la Santé. Et c’est là qu’elle se retrouve en difficulté. Parce qu’elle affirme à la fois qu’en février 2020, elle était persuadée que la crise allait être très grave, et en même temps, le 16 février, elle a accepté de quitter le gouvernement pour se présenter à la mairie de Paris.
Elle écrit qu'à cette date, le 16 février, il n’y avait plus de nouveau cas depuis quelques jours, et qu’elle a donc pu penser que finalement ce n’était peut-être pas si grave. Mais aussitôt après, elle reconnaît qu’en réalité, c'était une énorme erreur. La pire erreur de sa vie. Une décision prise sous la pression du président et du Premier ministre qui ne lui ont, dit-elle, pas laissé le choix.
Depuis, Agnès Buzyn a reçu des torrents de haine et de menaces et même une tentative d’agression devant son fils. Elle vit aujourd’hui encore sous protection policière. Et elle confie dans une interview au Parisien: "Je ne peux plus vivre comme avant".