Un élu veut réconcilier les Parisiens avec les rats: quels risques sanitaires représentent-ils?

Grégory Moreau, élu du 11ᵉ arrondissement de Paris, membre du Parti animaliste, appelle à une réconciliation avec les rats dans la capitale. "On peut estimer que les rats consomment chaque jour près de 75 tonnes de déchets organiques à Paris. Les éradiquer est impossible : il faudrait plutôt apprendre à cohabiter avec eux. Leur mauvaise réputation vient de la peste noire du Moyen Âge, véhiculée par la puce du rat noir… Or, c’est le rat brun que nous croisons aujourd’hui dans la capitale !", soulève ainsi l'élu.
L'urine des rongeurs en question
Alors quels risques sanitaires représentent vraiment les rats, aujourd'hui? On pense tout d'abord à la leptospirose. Celle-ci est une maladie infectieuse causée par une bactérie en forme de spirale, la Leptospira. On la retrouve principalement dans les urines des rongeurs, en particulier des rats. Elle contamine ensuite les sols humides et les eaux stagnantes. Le scénario typique est le suivant : un rat urine, la bactérie survit dans la boue ou l’eau, puis une personne ou un chien se blesse ou trempe un pied… et la contamination se produit.
"Maladie des égoutiers"
Historiquement surnommée "la maladie des égoutiers", la leptospirose touchait surtout ceux qui travaillaient au contact des eaux usées. Une étude environnementale menée en 2022 a montré que 15 % des rats parisiens portaient effectivement la bactérie.
Les symptômes varient selon la souche et la gravité. Le plus souvent, il s’agit d’un syndrome grippal avec fièvre, maux de tête et douleurs musculaires. Mais certaines formes sont beaucoup plus sévères: atteinte rénale pouvant évoluer en insuffisance rénale; atteinte hépatique provoquant une jaunisse (ictère) et atteinte vasculaire entraînant rougeurs et hémorragies. Dans ces cas, on parle de "maladie de Weil" ou de "jaunisse flamboyante". Sans traitement, la leptospirose peut être mortelle.
Le faux mythe des canettes contaminées
Depuis les années 2000, une rumeur tenace circule : boire directement à la canette exposerait à un risque de leptospirose à cause de l’urine de rat. Pourtant, aucun cas n’a jamais été documenté dans la littérature médicale. Et biologiquement, c’est impossible : la bactérie a besoin d’un milieu humide pour survivre et ne résiste pas sur une surface sèche comme l’aluminium d’une canette.
Si l’image du rat sympathique a été popularisée par le film d'animation Ratatouille, la réalité est moins tendre. Ces animaux peuvent donc transmettre plusieurs maladies: on l'a évoquée la leptospirose, mais aussi des infections par morsure comme la pasteurellose ou la streptobacillose ainsi que la salmonellose, via la contamination alimentaire. Evidemment, la distinction est à faire entre les rats domestiques et ceux qui ne le sont pas.
Concernant ceux qui pullulent dans les rues de Paris, Grégory Moreau plaide pour des méthodes plus douces que le poison et préconise de ne pas laisser traîner de détritus alimentaires dans les rues, notamment à proximité des magasins de restauration rapide. "Si les rats ne trouvent pas de nourriture, ils ne se multiplient pas aussi rapidement", fait-il valoir.