"Un triple scandale": du boeuf brésilien aux hormones déjà dans nos assiettes avant le Mercosur?

Du boeuf brésilien gavé aux hormones déjà dans nos assiettes? Un audit réalisé par l'Union européenne, mis en lumière par l'association Foodwatch, révèle que le Brésil n'est pas en mesure de garantir que dans leurs exportations de viande, il n'y a pas de boeuf aux hormones. Une révélation d'autant plus inquiétante que le controversé projet de traité "Mercosur" entre l'UE et plusieurs pays d'Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Bolivie, Paraguay, Uruguay) pourrait être signé prochainement lors du G20 le 18 novembre, malgré le désaccord de la France.
Le boeuf nourri aux hormones est pourtant strictement interdit en France depuis les années 1980, et en Europe, parce que c'est dangereux pour la santé et cancérigène. "C'est interdit d'importation aussi, le Mercosur n'allait pas autoriser ça", clarifie Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch, invitée ce mardi sur RMC.
Le problème est donc que l'on importe déjà de la viande bovine de ces pays dont nous serions donc pas en mesure de garantir la traçabilité. Selon cet audit mené au printemps, "les procédures actuelles mises en place pour garantir que le bétail dont la viande est destinée au marché de l'UE n'a jamais été traité avec de l'oestradiol 17 (hormone de croissance) à des fins zootechniques ou thérapeutiques, sont inefficientes".
"Cela montre qu'il ne faut pas adopter le Mercosur"
Un problème de moyens alloués aux contrôles selon Foodwatch. Dans l'attente du renforcement de ces contrôles de l'UE, le Brésil a suspendu ses exportations de bœuf vers l'Europe. Cependant, ces exportations reprendront bientôt, et en plus grande quantité, si l'accord avec le Mercosur est validé.
"On a un triple scandale: un scandale sanitaire, une fraude alimentaire, et des risques qui montrent qu'il ne faut surtout pas adopter le Mercosur", juge Karine Jacquemart.
"Ce que va permettre cet accord, c'est d'augmenter le quota d'importation de leurs viandes bovines", rappelle-t-elle. "On importe déjà légalement de la viande bovine qui n'est pas traitée avec les mêmes standards qu'en Europe".
Dans le viseur de l'audit réalisé par l'UE: des antibiotiques activateurs de croissance et certaines farines animales toujours autorisées là-bas et pas ici. "Ils sont toujours autorisés dans les importations en Europe car il n'y a pas de mesures miroir", dénonce Karine Jacquemart qui qualifie le traité Mercosur, en l'état, de "dangereux".