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“Une injustice et un double combat”: atteinte d’un cancer, elle assigne la Sécu car son médicament n'est pas remboursé

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Christiane souffre d’un cancer depuis 23 ans et se retrouve, depuis plus d’un an, à devoir payer la moitié de son traitement anti-cancéreux car la Sécurité sociale ne le rembourse plus intégralement. Une double peine pour la quinquagénaire.

Une malade du cancer assigne en justice la Sécurité sociale. Depuis l'an dernier, Christiane est contrainte de payer la moitié de son traitement anti cancéreux, le Falsodex, que la caisse primaire d'Assurance Maladie ne rembourse plus intégralement. Une situation qu'elle dénonce avec son mari.

Christiane se bat contre un cancer depuis 23 ans. L'an dernier, son traitement est tombé dans le domaine public, la pharmacie lui a donc délivré un générique. Mais elle ne l’a pas supporté, explique à RMC son mari Philippe: "une insuffisance rénale, beaucoup de fatigue. On ne joue pas comme ça avec la vie des gens".

"On a pris la décision d'assigner la CPAM en justice"

Sur mention express de son oncologue, Christiane reprend le médicament d'origine. "Comme je ne supporte pas ces génériques, l'oncologue qui me suit a envoyé différents courriers à la CPAM pour leur dire qu'il fallait que j'ai absolument le Faslodex. Mais ça ne suffit pas, ils ne veulent rien entendre. La pharmacie me dit que si je le veux, je dois le payer, à ma charge", explique Christiane au micro de RMC ce mercredi matin.

Depuis, donc, la Sécurité sociale ne lui en rembourse que la moitié. Christiane doit payer 180 euros par mois de sa poche. La mutuelle refuse également de rembourser le reste à charge. Christiane est alors obligée de continuer à travailler malgré ses soucis de santé.

"C'est une double peine pour nous sur l'aspect financier et l'aspect de respect de la personne. Et on a pris la décision d'assigner la CPAM en justice. On attend une prise en considération du dossier, c’est-à-dire un remboursement à 100% lorsque c'est prescrit par les professionnels, que ça fasse jurisprudence et que les personnes concernées puissent en bénéficier", précise Philippe.

"Je ressens une injustice et un double combat: un combat contre la maladie cancéreuse et un combat contre la CPAM", poursuit Christiane.

"Une situation inacceptable"

L'assurance maladie se défausse de toute responsabilité et renvoie la balle vers le laboratoire qui a refusé de s'aligner sur le tarif de remboursement fixé par le Comité Économique des produits de santé.

"Mais est-ce à nous, les patients, de subir ces problèmes de CPAM et de laboratoires?", questionne Christiane.

Joint par RMC, l'avocat de Christiane, Me Gilles-Jean Portejoie dénonce une "situation inacceptable". Hier soir, la CPAM assurait à RMC n'avoir pas reçu d'assignation.

Le médicament en question, le Faslodex, est mis sur le marché par le laboratoire Astrazeneca. "Depuis la perte de son brevet, il existe de nombreux génériques avec un écart de prix important entre Faslodex et les génériques”, explique l'assurance maladie à RMC.

“Jusqu’à janvier 2023, le médicament de référence et les génériques étaient remboursés entièrement malgré cette différence de prix. Depuis, le Comité Économique des produits de santé a fixé le tarif de remboursement maximal de ce médicament et le laboratoire qui produit le Faslodex ne s'est pas aligné", déplore la CPAM qui rappelle que ce médicament dispose actuellement de six génériques.

"L’Assurance Maladie n’est pas autorisée à faire de remises sur les médicaments. Il n’est pas possible de déroger aux tarifs officiels imposés par les autorités sanitaires."
Marion Dubreuil avec Charline Andrieux