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Vaccination: pourquoi les réticences persistent-elles? "Une façon de dire 'non' à celui qui commande"

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D’après la patronne de l’Institut Pasteur, de moins en moins de personnes se font vacciner. Et pour l’écrivain Arthur Chevallier, les réticences au vaccin ont des causes politiques très anciennes.

La vaccination, ça n’a jamais fait l’unanimité. D’ailleurs, ça ne vient pas forcément, ou pas seulement, d’un manque de confiance en la médecine. C’est plutôt une sorte de contestation face au pouvoir en place, un pouvoir qui en général vous demande de vous vacciner. C’est une façon de dire “non” à celui qui commande.

À l’origine, on appelait pas ça la vaccination, mais l’inoculation. Et les premiers à pratiquer l’inoculation, ce sont les Chinois. C’est arrivé en Europe au XVIIIe siècle et ça a fait tout de suite débat. Être pour l’inoculation, c’était être moderne, pour les progrès de la science. Ceux qui étaient contre, passaient un peu pour des ringards. C’était un vrai débat de société. Et finalement, les chefs d’État ont donné l’exemple. À commencer par le roi de France, Louis XVI, qui accepte de se faire inoculer contre la variole en 1774. Une première. On publie même un communiqué pour rassurer tout le monde: le roi va bien, vous pouvez y aller !

Et le premier vrai vaccin, ça date de quand?

Le premier vaccin date de 1776. Officiellement, l’inventeur du premier vrai vaccin contre la variole, c’est un médecin anglais. Il s’appelle Edward Jenner. C’est le père de ce qu’on appelle l’immunologie, en fait la protection immunitaire. Mais là encore, ça n’a pas convaincu tout le monde. Et on peut le comprendre: se soigner en injectant le virus, ce n'est pas forcément logique. À l’époque, certains pensaient même qu’avec un vaccin, des cornes pouvaient vous pousser sur la tête. Il faut attendre le XIXe siècle pour que la vaccination se généralise. Et c’est le français Louis Pasteur qui va perfectionner et étendre la technique à d’autres maladies, comme la rage.

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Chevallier remonte le temps : Vaccination, pourquoi la réticence persiste-t-elle ? - 22/01
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Et à l’époque, il y avait déjà des campagnes de vaccination obligatoires. Ça a commencé dès le début du XIXe siècle. En France, il y avait des centres vaccinaux. Napoléon a beaucoup fait pour la promotion de la vaccination des enfants, en faisant vacciner son fils par exemple. Mais il y avait quand même des résistances. Les antivax de l’époque s’appuyaient sur la liberté individuelle pour refuser les vaccins. Les autorités étaient d’ailleurs un peu dans l’embarras puisque ce n'est pas si évident que ça de forcer quelqu’un à s’injecter quelque chose.

Si c’était pour leur bien, ça ne suffit pas toujours pour convaincre. Les gens boivent et fument, et pourtant, ça peut les tuer. La santé, ce n'est pas un argument d’autorité. Mais la situation a changé sur un point important: les gens qui ne sont pas vaccinés tombent malades, donc ça coûte cher. En France par exemple, les soins sont gratuits. Ça revient à faire payer à tout le monde des maladies qui pourraient être évitées. Donc le meilleur argument, ce n'est pas la santé, c’est l’argent.

Arthur Chevallier