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Sarkozy-Hollande, le débat qui ne changera rien

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC.

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, du lundi au vendredi à 8h20 sur RMC. - -

Le fameux duel télévisé de l’entre-deux tours a lieu ce soir. Un moment très attendu et qui sera suivi par beaucoup de Français. Mais ce débat Sarkozy-Hollande ne changera rien...

C'est mon avis, mais je m’empresse de dire que ma certitude ne préjuge pas du résultat de l’élection. Simplement, ne croyez rien des sondages qui assurent que beaucoup d’électeurs n’ont pas fait leur choix – et encore moins de ceux qui prétendent qu’ils comptent sur ce débat pour les y aider. En fait, la plupart des Français savent pour qui ils vont voter. Et que ce face-à-face télévisé est plus un rituel médiatique qu’un tournant politique. En général, on explique toujours juste après l’émission que les deux candidats ont fait match nul – et après coup, que c’est celui qui est élu qui avait gagné le débat. La réalité, c’est que c’est un exercice qui est trop mis en scène, trop formaté, trop millimétré pour qu’il s’y passe vraiment quelque chose.

Pourtant, on peut être sûr que des millions de Français vont le regarder.

Bien sûr, parce que c’est un spectacle. Un moment de tension et d’émotion, pas un moment de vérité. Ce que les Français vont guetter, c’est le mot qui fait mouche, la formule assassine – comme le fameux « vous n’avez pas le monopole du cœur » de Giscard à Mitterrand en 1974 – ou même une hésitation, un bredouillement, un lapsus. Parce que la forme du débat empêche la spontanéité, avec des journalistes qui passent les plats, les candidats qui déroulent des argumentaires appris par cœur et des images négociées d’avance entre les deux camps – comme au temps de l’ORTF. En plus, N. Sarkozy et F. Hollande, chacun dans son style, ont cherché durant toute la campagne à maîtriser leur discours, en passant leurs arguments au tamis du marketing politique. Ils vont encore le faire ce soir. Le spectateur peut y trouver son compte, pas le citoyen.

Est-ce que, dans sa situation, N. Sarkozy – qui a du retard dans les sondages – n’est pas obligé de prendre des risques pour marquer des points ?

Il va devoir trouver un dosage entre la combativité et l’agressivité, face à un F. Hollande qui essaiera d’esquiver les coups et de les retourner contre lui. On risque de voir le combat d’un boxeur contre un judoka. Le problème pour N. Sarkozy, c’est qu’il manque d’entraînement. Il a été un redoutable débatteur, parce qu’il a la passion de convaincre et qu’il aime l’affrontement. Mais depuis 5 ans, il ne s’est confronté qu’à lui-même. Il s’est coulé dans le présidentialisme, en choisissant ses moments et ses interviewers ; et il s’est égaré dans ses changements de registre, de style et de stratégie. A l’arrivée, il a en quelque sorte trop débattu avec lui-même et pas assez avec les Français. Si bien que ce sera ce soir son premier duel face à un adversaire politique. Et peut-être le dernier.

Ecoutez ci-dessous le podcast intégral du Parti Pris d'Hervé Gattegno ce mercredi 2 mai :

Hervé Gattegno