Sas régionaux pour les migrants sans-abris: où en est-on six mois après?

En mars dernier, l’Etat annonçait la création de dix sas régionaux pour accueillir trois semaines les migrants sans abris dans les régions françaises, le temps d'examiner leur situation.
Plusieurs associations s'étaient alors interrogées sur un "nettoyage de Paris avant les JO". Le ministère du Logement réfute et met en avant leur utilité pour déserrer la pression sur la région parisienne. Mais six mois après, cela n'a pas changé grand-chose sur le terrain.
Plus d'arrivées que de départs
Le problème, c'est que ces départs en régions ne sont pas suffisants pour endiguer la création sans cesse de nouveaux campements. La preuve, au moment de l'annonce de ces sas régionaux début mars, 191 tentes étaient comptées dans les rues parisiennes. Aujourd'hui, la mairie de Paris en recense 321.
Encore plus d'abris de fortune, alors que depuis le début de l'année une vingtaine de campements ont été démantelés et 4.300 personnes mises à l'abri, hébergées au moins temporairement. Sur ces 4.300 personnes, 1.600 ont accepté de monter dans les bus, à destination de ces fameux sas régionaux. Pas suffisant, mais significatif. Quelque chose s'est passé, reconnaît tout de même l'adjointe aux Solidarités de la capitale.
Des retours à Paris après trois semaines en région
Mais quel est l'impact réel sur la situation des personnes orientées vers ces sas? Il y a une amélioration à court terme, se félicitent les associations qui s'occupent de ces centres. Au moins, la philosophie est bonne, cela permet d'entamer des démarches de demande d'asile ou de régularisation, de répondre à leurs besoins de santé et de leur trouver un logement pérenne.
En fait, c'est après que ça coince, à la sortie de ces sas. Au bout des trois semaines d'accueil, certains se voient forcés de retourner dans la rue et d'appeler le 115, saturé dans toutes les agglomérations. Environ 20% d'entre eux retournent à Paris parce qu'ils y ont un réseau amical ou qu'ils y peuvent y travailler.
Les associations déplorent que tout se fasse à moyens constants. Résultat, ces sas viennent s'ajouter aux problèmes locaux, comme à Rennes où, en mai, des migrants ont été délogés d'un hôtel social pour accueillir d'autres migrants venus de Paris.